LES POUILLES : LE SUD DU SUD

LES POUILLES : LE SUD DU SUD

Dans les Pouilles, on plonge avec délices dans un bain de culture, de nature et d’art de vivre du grand Sud.

Andiamo !

À un peu plus de deux heures de vol de Paris, le talon de la Botte italienne fait du pied à nos désirs d’ailleurs chauds, beaux et authentiques.
 
Une mer belle et chaude, un ciel d’un azur inépuisable, des collines douces parsemées de chênes verts, une pluie discrète, parfois teintée du sable rouge du désert, soufflé par le sirocco. Cette nature généreuse rend les Pouilles d’emblée désirables. Mais ce territoire colonisé par les Grecs, conquis par les Romains, puis les Arabes et les Normands, offre bien d’autres richesses, circonscrites par quelque 800 km de côtes entre mer Adriatique et mer Ionienne. Bari, la capitale, en est la porte d’entrée la plus aisée. Entre ses innombrables placettes et ses rues bordées de palais, la vieille ville déploie un véritable sortilège visuel. Sur le port, les barques bleues des pêcheurs se dandinent sous le soleil ; l’air est doux. 
 
C’est cependant non loin de Fasano, dans un joli hameau à une trentaine de minutes de route vers le sud, que l’on dépose armes et bagages, chez Vittorio Muolo. Cet enfant du pays a magnifiquement restauré deux anciennes fermes fortifiées : Torre Maizza, très patricienne avec sa piscine bordée de colonnes antiques, ses suites pur luxe et son restaurant gourmet ; et Torre Coccaro, d’inspiration un peu plus rustique, mais tout aussi soignée. L’une et l’autre constituent le camp de base idéal pour découvrir la région. Dans l’immédiat alentour, des oliveraies enserrées de murets de pierres sèches dessinent la scénographie locale. À perte de vue.
 
De Monopoli à Otrante
 
Quelques minutes de route vers le nord suffisent pour rejoindre Polignano a Mare, sa miniplage et ses ruelles coquettes. Dans son atelier à flanc de falaise, Peppino Campanella travaille le verre pour en faire des objets décoratifs et des luminaires. Si le maestro est de bonne humeur, il vous permettra d’accéder à sa terrasse privée, peuplée d’animaux métalliques forgés par l’un de ses amis.
 
Cap sur Monopoli, où le port de pêche fait s’entrechoquer de réjouissants instantanés visuels : rudes marins à la peau tannée, élégantes chaussées haut et signore dodues et espiègles. Pour un déjeuner de délicieux poissons crus, on privilégie Savelletri et son restaurant de bord de plage, Pescheria 2 Mari.
À l’intérieur des terres, en quête de trulli, ces maisons au toit conique si typiques de la région des Pouilles, on ne flânera guère à Alberobello tant elle est devenue caricaturale avec ses échoppes de souvenirs au mètre linéaire. Autrefois, les trulli assuraient le gîte des paysans qui, peu enclins à payer l’impôt foncier, les bâtissaient en pierres sèches pour les défaire prestement à la moindre alerte. Pour les admirer en milieu naturel, il suffit de sillonner la vallée d’Itria, où elles sont posées ici et là au milieu des champs d’amandiers.
Après avoir quitté la paisible bourgade de Locorotondo, on franchit l’arc surmonté de saint Martin qui marque l’entrée de Martina Franca, fondée au XIVe siècle par Philippe d’Anjou. L’été, elle vibre au rythme d’un festival de musique baroque créé par Paolo Grassi, acolyte de Giorgio Strehler au Piccolo Teatro de Milan. Encore 20 km vers le sud et l’on rejoint Ostuni, joli bourg médiéval construit en aplomb. On se perd dans le dédale de ruelles du centre historique avant de s’attabler à l’Osteria del Tempo Perso devant une assiette d’orecchiette alle cime di rape, la spécialité de pâtes aux pousses de brocolis.
De Lecce la baroque, Sacheverell Sitwell, frère de l’excentrique Edith, écrivit : « Elle est l’une des plus belles villes qui soient pour se promener. » Les façades des églises sont autant de vergers, bestiaires, champs de fleurs ou assemblées d’enfants malicieux gravés au creux de la pietra leccese, ce calcaire tendre qui durcit à l’air et prend une teinte dorée. Maglie, aussi dans les terres, est absente des guides. Pourtant, le charme de ses rues, ses églises et sa vaste place classique font de la ville natale d’Aldo Moro une halte très agréable. Sa fabrique de pâtes artisanales, Pastificio Benedetto Cavalieri, est un must !
 
De là, on rejoindra le bord de mer pour découvrir Otrante et les immenses mosaïques de pavement de sa cathédrale. Puis on suivra la route de la côte, splendide avec ses à-pics rocheux surplombés de champs de fleurs sauvages et de tours de guet, jusqu’à la station thermale de Santa Cesarea. Sur cette péninsule à l’extrême sud, de folles villas ont été construites entre 1870 et 1920, telle la Villa Sticchi qui continue de déployer ses fastes mauresques face à une étendue bleu marine.
 
 
Carnet d’adresses
 
Y aller :
Vols directs Paris-Bari avec Ryanair, à partir de 90 €. www.ryanair.com
 
Ou dormir ?
 
Masseria Torre Coccaro et Masseria Torre Maizza 
Dans l’arrière-pays de Savelletri, ces anciennes fermes ont été métamorphosées en gardant une belle âme traditionnelle. Verger et potager fournissent les excellentes tables in situ. Des panneaux solaires et un système de récupération et de désalinisation des eaux répondent au souci écologique. Pour la baignade, direction la plage privée et son Coccaro Beach Club. Pour la détente, un étonnant spa creusé dans la roche et un golf 9-trous planté d’oliviers centenaires. Cuisine savoureuse, accueil et service d’une grande gentillesse.
C. da Coccaro 8, 72015 Savelletri di Fasano. 
Tél. : 00 39 080 482 78 38 (Torre Maizza) et 
00 39 080 482 93 10 (Torre Coccaro).
 
La Rosa dei 4 Venti 
Plantée dans la campagne environnant Martina Franca, cette demeure respire l’équilibre et l’hospitalité. Normal, on y délivre des sessions de yoga et une cuisine étudiée : de l’air, du vert, on respire.
Via Monti del Duca 302, 74015 Martina Franca. 
Tél. : 00 39 080 449 02 24.
 
B&B Santo Stefano 
Blotties dans une ruelle du centre historique de Polignano a Mare, six chambres aux murs de pierres, fraîches et bien équipées, certaines avec vue sur les terrasses de la ville. Charmant. 
Vico San Stefano 9-11-13, 70044 Polignano a Mare, Tél. : 00 39 080 424 95 63.
 
Où manger ?
 
À Ostuni
L’Osteria in Piazza 
Dans des caves voûtées, une cuisine italienne de produits frais, avec le juste tournemain qui sublime la moindre tomate. Antipasti délicieux, pizza à l’avenant et pâtes extras.
Piazza Libertà 60. 
Tél. : 00 39 083 133 97 80.
 
Osteria del Tempo Perso 
Saluée par le Guide Michelin, révérée par ses habitués locaux, pas de risque en poussant la porte de cette… grotte, où la gastronomie fait résonner les mots saveur, fraîcheur et créativité. Accueil et service impeccables.
Via Gaetano Tanzarella Vitale 47. Tél. : 00 39 083 130 48 19.
 
À Polignano a Mare
Bella ’Mbriana 
Une pâte fine et croustillante, des légumes croquants, des coques, des crevettes, des lamelles de champignons…Ici, tout est bon, des pizzas à l’accueil épatant.
Piazza Vittorio Emanuele II. Tél. : 00 39 080 424 88 40.
 
Grotta Palazzese 
Niché dans des grottes marines au-dessus des flots, ce lieu époustouflant délivre une cuisine raffinée où les produits de la mer tiennent une place d’honneur.
Via Narciso 59. Tél. : 00 39 080 424 06 77.
 
À Savelletri
Pescheria 2 Mari 
Vito Sabatelli a posé ses filets et ouvert ce lieu tout de verre, où il livre des assiettes de poissons crus d’une fraîcheur et d’une saveur rares, à arroser d’un blanc de Locorotondo.
Piazza Amati 8. Tél. : 00 39 080 482 91 61.
 
À Locorotondo
La Taverna del Duca
Deux jolies salles en enfilade, une cuisine ouverte tenue par la signora Antonella, passionnée de bonne cuisine de ménage. On y va sans hésiter pour découvrir les plats typiques des Pouilles et les poissons au four.
Via Papatodero 3. Tél. : 00 39 080 431 30 07.
 
À Otrante
L’Altro Baffo 
Fille de restaurateur célèbre, Cristina Conte a ouvert son lieu, chic mais informel, en mode bois blond et nappes blanches. Une cuisine qui puise dans la richesse des produits locaux (beaucoup de plats de poissons), naviguant entre sophistication et simplicité. À quelques mètres du château, pour un dîner en terrasse, presque sous les étoiles.
Via Cenobio Basiliano 23. Tél. : 00 39 083 680 16 36.
 
Shopping
 
À Maglie
Pastificio Benedetto Cavalieri 
Préparez la valise, car il est impensable de quitter cette fabrique artisanale de pâtes sans se lester de quelques kilos ! Tout est fait suivant un procédé qui permet à la pâte de s’épanouir sans être « brutalisée » dans le moule. Le séchage lent à basse température garantit le maintien des nutriments et une tenue impeccable à la cuisson. Orecchiette bien sûr, mais aussi lumache, spaghettoni, gnocchi sardi… Avec près d’une cinquantaine de variétés, le choix s’annonce difficile.
Via Garibaldi 64. Tél. : 00 39 083 648 41 44.
 
Casa del Caffè
Café en grains moulu sur place pour un bon shoot parfumé, alcools et vins locaux, biscuits… Dans cette superbe boutique, on ne lésine pas sur la carte de crédit !
Via Alcide de Gasperi 20. Tél. : 00 39 083 648 52 12.
 
Gelateria Maglio
Amateurs de glaces, à vos marques : ici, tout est fait maison avec des ingrédients de qualité et une farandole de parfums à tomber. 
Via San Giuseppe 48. Tél. : 00 39 083 642 46 09.
 
À Martina Franca
Macelleria Romanelli 
Dans cette charcuterie-épicerie fine, on se concentre sur le superbe choix de salaisons faites maison, comme les saucissons et le jambon.
Via Valle d’Itria 8-12. Tél. : 00 39 080 480 53 85.
 
crédit : Yamina BelaI
X