Lundi 24 Juin 2013 à 10h23
MELANIE LAURENT : "TOUT S'EQUILIBRE DESORMAIS"
Actrice, réalisatrice, chanteuse et égérie Dior Beauté, Mélanie Laurent découvre une nouvelle sérénité : elle attend son premier enfant.
“L’année 2011 a été une hérésie”
Madame Figaro. - Comment vous sentez-vous ?
Mélanie Laurent. - Je vis une période de douceur et de sérénité totale. Je vais bientôt réaliser mon deuxième film, et puis, surtout, je suis enceinte... Quel bonheur ! Je vis ma grossesse sans aucune appréhension. J’ai vécu une enfance équilibrée, donc je ne m’inquiète pas de savoir quelle mère je vais être. Je vais apprendre, c’est formidable. Je suis heureuse.
Est-ce difficile pour une actrice de ralentir sa carrière pour faire un enfant ?
Je ne me suis surtout pas posé cette question car je désirais cet enfant plus que tout. Cette grossesse bouscule ma vie ? Tant mieux !
On vous a peu vue depuis un an et demi. Votre année 2011 avait été intense : un premier album, En t’attendant, un premier film, Les Adoptés, un contrat d’égérie pour le parfum Hypnotic Poison de Dior et un rôle de maîtresse de cérémonie à Cannes. Pourquoi autant de baptêmes du feu ?
L’année 2011 a été une hérésie. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie, parce
que je n’ai jamais accumulé autant de challenges... Tous les projets se sont télescopés. Dior m’a proposé de devenir l’égérie d’Hypnotic Poison, et le Festival de Cannes m’a demandé d’être la maîtresse de cérémonie. Comment refuser deux si jolis cadeaux ? Pourtant, si c’était à refaire, je ne présenterais pas la même année mon premier film et mon premier album. J’ai très bien vécu la sortie des Adoptés parce que ce film, c’est un rêve que je portais depuis quinze ans. Le public l’a merveilleusement accueilli, j’en ai été comblée. J’ai beaucoup moins bien géré la sortie de mon album. J’aurais dû me donner le temps d’assumer d’être chanteuse.
En France, les gens sont protecteurs avec les acteurs qui passent à la réalisation, moins avec ceux qui chantent... Et puis j’ai tourné dans trois films. J’ai fini par craquer.
Que s’est-il passé ?
J’ai frôlé le burn-out. Je n’avais plus aucun plaisir à rien. Longtemps, j’ai eu peur du lâcher-prise et de l’ennui, alors je multipliais les projets. Je trouvais cela stimulant de tout mener en parallèle. Sauf que cela peut devenir pathologique. Je ne profitais plus de ma famille, qui est tout pour moi. Cela a été le déclic. Je me suis dit : arrête de courir ! Mon métier prenait tout l’espace dans ma vie. J’ai appris à ralentir le rythme et à ne plus être dans la multitude. J’ai aussi découvert le trac. Et j’aime ça ! Bizarrement, cela me rassure parce que c’est sans doute un excès de confiance en moi qui m’a amené à cette année 2011... Avant, j’oscillais entre des phases d’angoisses et d’assurance. Tout s’équilibre désormais. J’ai l’impression de commencer une nouvelle vie !
“La liberté a un prix”
Depuis, vous n’avez tourné qu’à l’étranger. Est-ce un choix délibéré ?
Plutôt une fuite non préméditée ! J’ai reçu plusieurs scénarios magnifiques. Les projets des films français sont malheureusement tombés, faute de financement. Ceux qui ont abouti m’ont amenée à l’étranger, ce qui a été très salvateur pour remettre les choses en perspective et... à distance. Du coup, je suis très heureuse de rentrer en France pour réaliser mon prochain film. Ma vie est ici.
Actrice, chanteuse, réalisatrice, scénariste, égérie : vous ne vous fixez pas de limites. Cette liberté est rare. Comprenez-vous que certains vous reprochent de trop en faire ?
Mes parents m’ont élevée en me disant que tout était possible : chanter, écrire, jouer..., je pouvais tout tenter. Cette liberté a un prix. Ce qui me blesse, c’est la fausse image que les gens peuvent parfois avoir de moi. Et en même temps, je les comprends : j’ai donné l’impression de m’exposer par n’importe quel moyen et d’occuper le terrain. Les réactions ont parfois été violentes, mais il faut accepter que notre image nous échappe. Aujourd’hui, j’ai 30 ans, j’ai mûri, et je ne cherche plus à plaire à tout le monde.
Il y a quatre ans, vous disiez ne laisser personne entrer dans votre vie, aujourd’hui vous fondez une famille. Qu’est-ce qui a changé ?
J’ai rencontré un homme doué pour le bonheur. Et si je partage sa vie, c’est bien la preuve que j’en suis capable moi aussi ! Pour fonder une famille, j’aurais pu faire le choix du star-système en tombant amoureuse d’un acteur. J’ai rencontré un homme qui ne recherche pas la lumière, un technicien de cinéma. C’est un homme ancré dans la réalité, qui admire ma force mais que je n’impressionne pas non plus.
De quoi traitera votre deuxième film comme réalisatrice ?
Avec mon ami Julien Lambroschini, j’adapte un livre que j’ai lu à 17 ans : Respire, d’Anne-Sophie Brasme. C’est l’histoire d’une amitié passionnelle, oppressante et dangereuse entre deux jeunes filles de 18 ans, jouées par Lou de Laâge et Joséphine Japy. Cela parle des pervers narcissiques et de la manipulation. Ce qui m’intéresse, c’est aussi d’évoquer cet âge de l’innocence où les jeunes n’ont pas encore vécu suffisamment pour reconnaître ce qui est destructeur.
Comme Sofia Coppola, vous aimez filmer les filles. Il n’y a pas de compétition avec elles ?
Les femmes entre elles peuvent être cruelles. Ce film parle d’ailleurs du bizutage féminin, j’ai connu cela... J’adore les actrices. Plus elles sont belles, intelligentes, talentueuses, plus je les admire. Je ne suis ni dangereuse, ni séductrice, ni girly...
Vous arrive-t-il d’être fière de vous ?
Dans quelques mois, cela ne sera plus la priorité de savoir si j’ai confiance et si je suis fière de moi. Toute mon attention et mon amour vont se déplacer sur quelqu’un d’autre que ma petite personne, et c’est tellement plus intéressant !
Source : www.madame.lefigaro.fr