Lundi 24 Juin 2013 à 10h06
LE LLOYD LOOM, UNE BEAUTÉ QUI DURE
Ni jonc, ni osier, ni fibres de synthèse, les meubles Vincent Sheppard sont en " papier tissé"
Imaginez une énorme bobine de papier kraft d'un mètre de large, découpée à la machine en bandelettes de cinq centimètres de large. Un jeu de plusieurs bandelettes est torsadé de façon à former un fil de papier enroulé en petites bobines qui, comme dans l'industrie textile, vont alimenter des métiers à tisser. Si la trame est uniquement faite de papier kraft, la chaîne est constituée d'un fil d'acier inoxydable gainé de kraft. Large de deux ou quatre mètres, le " papier tissé" - ou Llyod loom - est découpé en autant de morceaux qu'il faut pour habiller chaque modèle de meuble. Dans l'atelier de montage, les morceaux sont agrafés sur les carcasses déjà préparées. Une tresse en loom vient masquer les agrafes. Après trempage dans un bain de latex, les meubles sont peints avec des laques (soit vingt-sept couleurs pour le mobilier d'intérieur et quatre pour le mobilier d'extérieur), puis séchés au four. Des embouts métalliques posés sur des galets en Nylon viennent protéger les pieds. Lloyd loom : le matériau porte le nom de son génial inventeur. En effet, en 1917, Marshall Burns Lloyd imagina un " papier tissé" d'un genre nouveau. Oeuvré comme une étoffe sur des machines à tisser, le Lloyd loom est à la fois plus solide, plus doux et plus résistant que l'osier. Il suffit de le couper comme les pièces d'un patron et de l'ajuster sur une carcasse en rotin ou en bois pour en faire un meuble ou un objet.
Bombardements.Pour expliquer l'origine de ce matériau innovant, les uns évoquent un besoin de pallier une pénurie de rotin due à la guerre, les autres une volonté de fabriquer industriellement, donc plus rapidement et à moindre coût, des objets ressemblant à de la vannerie. Surnommé" le roi de la voiture d'enfant ", Burns Lloyd vendit en 1921 le brevet à une firme anglaise, qui fabriqua du Lloyd loom jusqu'en 1939, date à laquelle l'usine londonienne fut bombardée. Si bateaux de croisières, hôtels, salons de thé et paquebots ont donné une image haut de gamme au matériau, on peut penser que la plupart des familles britanniques ont un jour eu un panier à linge en Lloyd loom. Le mobilier produit avant la guerre devient objet de collection. Mis en veilleuse pendant plusieurs décennies, le procédé est repris dans les années 80-90 par quelques rares fabricants séduits par son aura.
Tradition. C'est au début des années 90 que la marque belge Vincent Sheppard, jusqu'alors importateur de mobilier, renoue avec la tradition du fil de papier. Elle installe une première usine en Indonésie, où est fabriqué le loom monté sur carcasse en rotin, puis en 1998 une usine en Hongrie, spécialisée dans le mobilier avec structure en hêtre ou en aluminium. Le rotin et le hêtre sont destinés à l'intérieur, l'aluminium convient à l'extérieur. Le gainage en cuir des sièges et coussins est réalisé en Hongrie, les finitions, peintures et vernis en partie exécutés en Belgique. Le mobilier d'extérieur est recouvert de laques identiques à celles que l'on utilise dans l'industrie automobile, et qui résistent aux intempéries et aux rayons UV. à la mauvaise saison, mieux vaut toutefois rentrer les meubles de jardin si l'on veut préserver la beauté du loom.
En savoir plus sur http://www.cotemaison.fr/atelier-deco/le-lloyd-loom-une-beaute-qui-dure_2772.html#jYefbGofRyarjJuL.99
Source : www.decofinder.com