UNE CHARTE DE BONNE CONDUITE POUR LA NUIT LYONNAISE

UNE CHARTE DE BONNE CONDUITE POUR LA NUIT LYONNAISE

La deuxième tentative fut la bonne.

La Ville de Lyon et les gérants des établissements de nuit (bars, discothèques...) ont signé une charte de la vie nocturne, définissant les règles de bonne conduite. Un aboutissement de plusieurs années de concertation qui n’était pas gagné d’avance.

Mines satisfaites et sourires des grands jours sous les ors de l’Hôtel de ville de Lyon. Jean-Louis Touraine, premier adjoint en charge de la tranquillité publique avait réuni préfet et représentants des syndicats professionnels pour signer solennellement l’édition 2013 de la Charte pour la qualité de la vie nocturne. Une première tentative en 2011 s’était soldée par un désastre. Flashback.
 
« Tout le monde n’est pas d’accord sur tous les points », avait reconnu le maire de Lyon, le 20 mai 2011 dans les mêmes salons de l’Hôtel de ville. Un euphémisme. « C’est un jeu de dupes », avait alors tempêté Laurent Duc, président de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière (Umih). « On ne fait que rajouter des obligations sans contrepartie. » Autant dire que la première édition du document ne faisait pas l’unanimité. Si bien que les syndicats avaient refusé de le signer et conseillé à leurs adhérents de faire de même.
 
Les patrons des établissements de nuit demandaient notamment à intégrer le comité de suivi qui gère une fois par mois les plaintes des riverains et délivre les dérogations d’ouverture tardive. « On ne peut pas être juge et partie », leur avait sèchement répondu Gérard Collomb.
 
Finalement, on peut. La cellule de suivi de la vie nocturne prévue par la nouvelle la charte, comprend ainsi bien des représentants des syndicats professionnels, aux côtés de ceux de la Ville, du parquet et de la police.
 
Développer la vie nocturne
Un autre organe de concertation a même été créé : le comité de pilotage partenarial de la vie nocturne qui réunit quatre fois par an police, Ville et tenanciers, afin de faire des propositions, secteur par secteur, pour « optimiser et valoriser » l’activité nocturne à Lyon. « On va parler d’avenir », se réjouit Pierre Chambon, vice-président de l’Umih.
 
« Il y a quelques décennies, la vie nocturne était modeste à Lyon », reconnait Jean-Louis Touraine. « On partait du cinquième sous-sol, on est arrivé au rez-de-chaussée. On pose maintenant la première pierre pour construire une cathédrale », acquiesce Pierre Chambon. « Il n’y a pas de grande manifestation internationale sans vie nocturne », renchérit Laurent Duc.
 
En échange, les tenanciers doivent participer à la lutte contre les « conduites à risques », c’est à dire la consommation d’alcool et de stupéfiants. Sans pour autant être pris pour des auxiliaires de police. S’ils sont appelés à « exercer une vigilance constante pour lutter contre toute consommation de stupéfiants », ce n’est pas à eux d’arrêter les trafiquants. « Quand nous nous rendons compte d’une tentative de deal dans les toilettes, nous pouvons rencontrer les services de polices », note Pierre Chambon. « Il y a quelques années, personne n’aurait osé rien dire », de peur d’une fermeture administrative.
 
Quant aux risques d’ébriété, les établissements doivent faire la promotion de boissons non alcoolisées et mettre à disposition de leurs clients des éthylotests. Les nuisances sonores ne sont pas oubliées. Les tenanciers s’engagent à veiller à la tranquillité des riverains.
 
« Tout le monde y trouve son intérêt », se félicite Laurent Duc, appelant désormais tous les professionnels à signer la charte. En espérant obtenir d’ici la fin de l’année 150 à 200 adhésions sur les 350 établissements recensés à Lyon.
 
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