COSMETIQUES : LE POINT SUR LES ELEMENTS TOXIQUES

COSMETIQUES : LE POINT SUR LES ELEMENTS TOXIQUES

« Sans sels d’alu », « sans toluène », « sans silicones »…

Ces appellations fleurissent sur nos produits de beauté, faisant appel à notre corde sensible. Arguments marketing ou réelle nécessité ? Enquête.

 
L’OMS et le PNUE* viennent de publier un rapport** donnant l’alerte sur les substances chimiques qui polluent le corps humain, particulièrement les perturbateurs endocriniens.
En cause : les sources alimentaires et cosmétiques. Si on fait une analyse de sang, du tissu adipeux ou du lait maternel, on découvre qu’ils sont truffés de molécules chimiques.
C’est grave ? « Ces molécules sont trop stables, non biodégradables, et s’accumulent dans l’organisme sans que l’on en connaisse vraiment les effets. On préfère donc les éviter, par principe de précaution », explique Cyrille Telinge, fondateur du laboratoire Novexpert. Pourquoi taper sur les parabens, les phtalates ou les sels d’aluminium plus que sur d’autres molécules ? « Ils sont victimes de leur succès ! Ils sont tellement utilisés – et pas seulement en cosméto – qu’on finit par exposer son organisme à un trop plein.
C’est plus une question de quantité et de durée d’exposition que de toxicité aiguë », poursuit le scientifique.
Le point sur ces ingrédients superstars décriés.
*Programme des Nations unies pour l’environnement. ** Source : State of the Science of Endocrine Disrupting Chemicals.
 
LES SELS D’ALUMINIUM
 
Qu’est-ce que c’est ? Des chlorures d’aluminium capables de bloquer la transpiration. Tous les antitranspirants en contiennent.
De quoi les accuse-t-on ? De favoriser la maladie d’Alzheimer, la fatigue chronique, de jouer un rôle dans la survenue des cancers du sein, d’être irritants et de déclencher des eczémas. Rien que ça !
 
Ce qui est prouvé. Les conclusions de récentes études préconisent d’éviter ces sels d’aluminium au quotidien, mais il est difficile d’obtenir des conclusions très claires concernant leurs implications pour la santé. Pourtant, les retirer totalement des déodorants n’est satisfaisant que lorsqu’on transpire peu. Dès que le thermomètre ou que le stress grimpe, gare au coup de chaud ! Reste donc à trouver un équilibre en variant les formules en fonction des situations. Ne vous rabattez pas sur de la pierre d’alun, les scientifiques affirment qu’elle contient aussi de l’aluminium.
Garantis sans sels d’aluminium : déodorants Soap Walla (chez Colette et bazar-bio.fr), Cadum et OE.
 
LES SILICONES
 
Qu’est-ce que c’est ? Des polymères synthétiques dérivés du silicium. Le glissant des textures, le fi ni velouté-lissé des maquillages, l’effet huile sèche ou la brillance instantanée des cheveux, ce sont elles.
De quoi les accuse-t-on ? D’être non biodégradables, donc polluantes. Et de n’apporter aucun principe actif à la peau, mais d’encombrer les pores ou d’étouffer le cheveu.
Ce qui est prouvé. D’un point de vue écologique, elles sont à bannir. D’un point de vue beauté, on les zappe au maximum pour les cheveux car, sous la brillance siliconée, se cache souvent un cheveu affaibli. Pour la peau, on évite les formules où les termes au suffixe « cone » arrivent en haut de la liste des ingrédients.
Garantis sans silicones : Baume Hydratant Après-Shampooing de Davines. Hydratant Antioxydant à la Graine de Persil d’Aesop. Shampooing Pure de Timotei.
 
LES HUILES MINÉRALES
 
Qu’est-ce que c’est ? Des dérivés de la pétrochimie. Vaseline et paraffine sont les plus connues. Peu chères et faciles à manipuler, elles sont utilisées comme corps gras.
De quoi les accuse-t-on ? D’être occlusives et de boucher les pores.
 
Ce qui est prouvé. Leur occlusivité n’est pas aussi terrible qu’on le dit. Elles ont un effet isolant, pas forcément comédogène, et parfois utile quand la peau est très très sèche pour éviter qu’elle ne se déshydrate. Dans un baume à lèvres, une crème mains ou une formule haute protection hivernale, elles se justifi ent. Au-delà, contrairement aux huiles végétales, elles n’ont aucun intérêt nutritif et limitent quand même l’oxygénation de la peau. Donc, sauf cas extrêmes, on s’en passe volontiers et on traque sur la liste INCI (nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques) les noms suivants : paraffinum liquidum, petrolatum, ceresin wax, ozokerite.
Garantis sans huiles minérales : La Crème au Caramel de Novexpert. Monoï de Tahiti d’Yves Rocher. BB Crème de Ren.
 
LES SULFATES
 
Qu’est-ce que c’est ? Des tensio-actifs chimiques, très moussants, utilisés hyper couramment dans les shampooings et gels douche pour émulsionner le gras et les impuretés.
De quoi les accuse-t-on ? A haute dose, d’être irritants pour la peau et le cuir chevelu, de décaper la fibre capillaire et de faire fuir les pigments des colorations.
 
Ce qui est prouvé. Tout le monde n’a pas besoin de passer au « sans sulfates », indiqué pour les peaux très sèches et sensibles, les cuirs chevelus qui grattouillent, les cheveux colorés et les cheveux déjà très très abîmés. Dans ce cas, les sulfates sont remplacés par des tensio-actifs plus doux, souvent moins moussants.
Garantis sans sulfates : Shampooing Traitant Dercos de Vichy. L’Elixir Parfait Haute Expertise de L’Oréal Paris. Shampooing Color Therapy de Jean Louis David.
 
Le TOLUÈNE ET LE FORMALDÉHYDE
 
Qu’est-ce que c’est ? Ces deux substances chimiques interviennent dans la composition des vernis à ongles, le premier pour le glissant, le second pour l’effet durcissant.
De quoi les accuse-t-on ? Lorsqu’on les inhale, leurs vapeurs peuvent provoquer des irritations des voies respiratoires et des yeux. Quand l’exposition est prolongée et en forte quantité, le formaldéhyde risque de favoriser certains cancers, et le toluène endommager le système nerveux.
 
Ce qui est prouvé. Si on porte du vernis occasionnellement, pas de stress. Le risque est surtout pour les professionnels, comme les manucures. Et pour les peaux sensibles qui peuvent développer des irritations de contact, en se frottant les yeux, en touchant la peau du visage.
Garantis sans toluène ni formaldéhyde : vernis Kure Bazaar, Clinique et Une.
 
LES PHTALATES
 
Qu’est-ce que c’est ? Des dérivés d’acide phtalique, utilisés pour dénaturer l’alcool des parfums et améliorer leur tenue. On en trouve aussi dans les vernis à ongles.
De quoi les accuse-t-on ? D’être des perturbateurs endocriniens, à l’origine de cancers, de problèmes de stérilité et pouvant être dangereux pour le développement du fœtus. 
 
Ce qui est prouvé. Selon le type de phtalate, la toxicité n’est pas la même. Qu’on se rassure, depuis 2003, les phtalates jugés les plus nocifs (DEHP, DBP, BBP...) sont interdits dans les cosmétiques par l’Union européenne. Seul le DEP, estimé sans risque, est autorisé, même si les puristes en demandent aussi l’éviction. Pourtant, dans la salle de bains, le plus gros risque d’exposition aux phtalates vient des rideaux de douche, ces molécules se trouvant en grande quantité dans la composition des plastiques.
Garantis sans phtalates : Figue de Vigne de Caudalie. Chypre Essentiel d’Acorelle.
 
ET LES PARABENS
 
Suite à l’énorme polémique dont ils ont été victimes (perturbateurs endocriniens, ils seraient à l’origine de cancers du sein), ils disparaissent progressivement de toutes les formulations. Pourtant, seuls quelques parabens présentent réellement des risques pour la santé (ceux à chaîne longue, le butyl- et isobutyl-paraben), les autres (méthyl- ou ethyl-paraben) sont d’excellents conservateurs bien tolérés qu’on a du mal à remplacer. D’autant que leurs « remplaçants » ne sont pas toujours préférables : le phénoxyéthanol, par exemple, est bien plus irritant. La nouvelle mode : les formules sans parabens ni phénoxyéthanol.
 
source : www.elle.fr
© Alexis Hay
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