SE PLAIRE ENFIN : HALTE AU BODY BASHING !

SE PLAIRE ENFIN : HALTE AU BODY BASHING !

Comme 98 % des femmes, vous n’aimez pas vos seins, vos mollets ou vos fesses… Vous avez tort !

Découvrez les raisons de cet autodénigrement et apprenez à vous trouver belle. Faites le test, demandez à vos amis

Ce qu’elles aiment en elles quand elles se regardent dans le miroir. Silence gêné, haussement d’épaules, moue dubitative… Demandez-leur ce qu’elles n’aiment pas, mille réponses fusent : cuisses, fesses, seins, cheveux, lèvres, tout y passe… A ce jeu-là, nous sommes imbattables. Ce genre de conversation peut même tourner au pugilat, où chacune surenchérit dans le dénigrement de soi… Chez certaines ados, le « body bashing » est même devenu un rituel. Une façon de faire corps entre filles. « Même si on ne se trouve pas si moche que ça, pour faire comme les autres et se rassurer sur le fait que personne n’est parfait, on se focalise sur la partie de notre corps qui ne nous plaît pas, raconte Margaux, 16 ans, longue comme une liane. Et, à force, on fait une fixation. »
 
Le corps est morcelé, jugé, comparé à une image idéale construite à partir des stéréotypes de la pub et du marketing, pour être figé en une obsession de papier glacé. Conséquence : en France, seulement 2 % des femmes de 18 à 64 ans se trouvent bel es, selon une étude menée par Dove en 2010. Pourtant, 42 % d’entre elles admettent que la pression la plus forte est celle qu’elles s’imposent et 40 % reconnaissent accorder trop d’importance à leurs prétendus défauts. Avec des périodes où elles sont moins objectives qu’à d’autres. « Quand j’ai perdu mon travail, je me suis trouvée horrible du jour au lendemain, même si mon corps n’avait pas changé », raconte Louisa, 38 ans. « Depuis que je suis célibataire, je me trouve plein d’imperfections, confie Claire, 27 ans. Un peu comme quand on n’est plus amoureux de quelqu’un et que ses défauts nous sautent aux yeux. »
 
S'aimer telle qu'on est
 
Peut-on parler d’automaltraitance ? « Absolument, répond Serge Hefez, psychanalyste, spécialiste de l’image de soi. La contrainte à réussir et à se réussir soi-même est devenue de plus en plus féroce dans notre société. Autrefois, on culpabilisait de transgresser les règles, les normes, les interdits. Aujourd’hui, on culpabilise de ne pas être à la hauteur de son idéalisation de soi. » On ne se sent pas assez bon, pas assez beau, pas assez performant… L’individu ne se définit plus par ses appartenances mais par ses aspirations. La dimension narcissique est passée au premier plan. Autant elle peut aider à se construire, autant, quand elle vire à l’obsession, elle peut être autodestructrice. » Psys et diététiciens ont tous vu dans leurs cabinets des filles splendides s’imposer des régimes à répétition, des restrictions alimentaires pouvant aller jusqu’à l’anorexie, de la chirurgie esthétique, et se détester encore plus une fois leur image refaçonnée. « L’image de soi n’a rien à voir avec la réalité », souligne Serge Hefez. Pour s’en convaincre, il suffit de reprendre notre test du début, cette fois en demandant à vos amies ce qu’elles aiment chez vous. Reboostage d’ego garanti… A condition d’accepter ces compliments et de les mémoriser comme autant de garde-fous pour les jours où l’on devient son propre tyran. Dove, pour le casting de ses 50 égéries 2013 « toutes belles, toutes différentes », a filmé ces déclarations d’amour impromptues : « J’aime ses seins », « ses fesses », « ses yeux en amande ». Des gentillesses que l’on ferait bien de se dire plus souvent.
 
Pourquoi n’arrive-t-on pas à être aussi indulgent pour soi que pour l’autre ? « C’est le regard de l’amour, répond le médecin nutritionniste Jean-Philippe Zermati. On n’aime pas les gens parce qu’ils sont formidables, ils sont formidables parce qu’on les aime, observe-t-il. On les aime parce qu’ils nous font du bien, parce qu’ils nous font rire, parce qu’ils sont tolérants, parce qu’ils nous pardonnent… On ne demande pas à nos proches d’être beaux et parfaits. Ce qui importe, c’est la qualité de la relation. Pour être indulgents avec soi-même, il faut commencer par développer une relation avec soi-même, apprendre à s’aimer à défaut de se plaire. Se faire du bien, reconnaître ses atouts, se pardonner ses erreurs. »
 
Prendre du recul
 
La psychologue américaine Kristin Neff l’a résumé dans un concept : « l’autocompassion ». Dans son livre « S’aimer » (Belfond), elle explique que cela ne veut pas dire perdre toute exigence envers soi-même et se laisser aller, mais trouver la bonne distance. Savoir apprécier nos atouts et les mettre en valeur, reconnaître nos forces et nos faiblesses. « C’est ce qui nous rend humains », rappelle- t-elle. C’est, reconnaissons-le, plus facile à faire quand on peut s’appuyer sur ses expériences de vie, qu’on est ou qu’on a été aimée, que lorsqu’on est une toute jeune adolescente. « Les ados sont encore plus tyranniques avec elles-mêmes, et dans une logique de surpassement des autres, observe David Le Breton, auteur d’“Une brève histoire de l’adolescence” (JC Béhar). Autant les garçons veulent être les meilleurs, les plus forts, autant les filles sont focalisées sur le corps, valeur centrale du statut de la femme. »
 
« A 15 ans, j’étais obsédée par mes cuisses, se souvient Alexandra vingt ans après. J’adorais la danse mais j’avais horreur d’être en collant. Quand je regarde les photos de cette époque, je me trouve magnifique. Cela m’aide à relativiser : dans dix ans, je regarderai les photos d’aujourd’hui avec nostalgie. » Sur nos clichés préférés, c’est d’ailleurs souvent la vie, l’émotion, le partage, l’amour qui nous rendent belles. N’y est-on pas en train de rire aux éclats, de câliner un enfant, de dévorer une glace ? C’est l’épanouissement, le rayonnement intérieur, qui transparaît. Être dans la vie, voilà une bonne façon de se réconcilier avec son image.
 
Aimer son corps mode d'emploi
 
REGARDEZ-LE DANS SA GLOBALITÉ Au lieu de lister dans le miroir les détails que vous n’aimez pas, reculez d’un pas. Voire de deux. Pour saisir en un regard votre silhouette. Tournez, dansez, marchez, riez… Votre corps vit en trois dimensions et c’est ainsi que les autres le voient : plein de présence, de vitalité, de grâce et d’énergie.
 
TRAITEZ-LE COMME UN AMI Ecoutez-le, chouchoutez-le. Allongez-vous et observez où vous avez mal, puis respirez profondément par le ventre pour dénouer les points de tension. Quand vous en prenez soin, ralentissez vos gestes et faites-les en toute conscience : lavez-vous, crémez-vous, massez-vous en étant attentive aux sensations que cela vous procure
 
ÉPROUVEZ SA PUISSANCE Rien de mieux que le sport pour éprouver son corps : il est fort, endurant, puissant… Et sentir l’énergie circuler dans son souffle et dans ses veines redonne confiance en ses capacités.
 
RÉCONCILIEZ-VOUS AVEC VOTRE IMAGE Regardez les photos de vous que vous aimez. Vous trouviez-vous belle alors ? Pas forcément, et, pourtant, vous l’étiez… Rappelez-vous un compliment que l’on vous a fait. Retrouvez le moment, la voix de la personne qui vous l’a dit. Fermez les yeux et respirez. Repensez-y quand vous avez besoin de vous redonner confiance.
 
Merci à Michèle Freud, psychothérapeute, sophrologue, pour ses conseils.
 
source : www.elle.fr
 
crédit photo : Michael Sanders

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