Mardi 25 Août 2015 à 10h25
FAISONS SORTIR LE SEXISME DE LA CUISINE!
La France, mondialement connue pour sa gastronomie, serait-elle plus avancée sur la question que les États-Unis?
Il est évident que l’Hexagone a mis les femmes à l’honneur bien avant les Américains.Il a fallu attendre 2012 pour voir une femme chef récompensée de deux étoiles aux États-Unis. Cela dit, en France, même si les femmes étoilées sont plus nombreuses qu’outre-Atlantique, elles ne sont pas majoritaires. En 2007, Anne-Sophie Pic gagnait ses trois étoiles et elle était élue chef de l’année. Ça faisait plus de cinquante ans que ça n’était pas arrivé puisque Marguerite Bise avait obtenu les siennes en 1951. Plus d’un demi-siècle pendant lequel aucune femme n’arriva à égaler les hommes.
Alors que les femmes cuisinent beaucoup, elles ne le font pas, culturellement parlant, dans un contexte professionnel.
Mais pourquoi? Les femmes sont pourtant souvent dans la cuisine. Mais c’est peut-être là que se situe le problème. Alors qu’elles cuisinent beaucoup, elles ne le font pas, culturellement parlant, dans un contexte professionnel. Selon une étude de 2011, seulement 25% des cuisiniers professionnels en France sont des femmes. Cantonnées à leur rôle de mère de famille, elles s’occupent des repas quotidiens et la cuisine “œuvre d’art” n’est pas pour elles. En France, les femmes assurent encore près de 80 % des tâches domestiques. Une tendance difficile à inverser qui continue d’influencer le rôle de ces dernières dans la société d’aujourd’hui.
Comme l’équipe du Fooding l’a fait remarquer: “En 2013, pour devenir ‘TV chef star’ quand on est une femme, il faut être jolie, sexy, pas trop vieille… Blonde?”
Il y a bien des initiatives pour faire bouger les choses, à l’image de cet évènement organisé par Le Fooding, Le Clan des Madones, où 13 femmes, cheffes, cuisinières, sommelières ou encore vigneronnes se sont retrouvées pour organiser une série de dîners à Paris. Comme l’équipe du Fooding l’a fait remarquer: “En 2013, pour devenir ‘TV chef star’ quand on est une femme, il faut être jolie, sexy, pas trop vieille… Blonde?” Malheureusement, ils n’ont pas tort! D’ailleurs, ils ont posé clairement la question en couverture de leur guide 2014: “La cuisine a-t-elle un sexe?”
Par ailleurs, Madame Figaro a publié un article titré Eat Girls: La nouvelle génération des chefs qui faisait la part belle à Adeline Grattard, Laura Vidal, Agata Felluga, Alix Lacloche ou encore Delphine Zampetti. Résultat? Un article avec un écueil bien trop fréquent: le physique de ces femmes est systématiquement évoqué. “Cool et sexy”: la photo illustrant le papier les montre d’ailleurs dans une tenue “plus mode que cuisine”.
Alors que la plupart des hommes chefs sont photographiés avec un tablier, les femmes, elles, sont mises en scène de façon glamour.
Faut-il nécessairement porter une mini-jupe pour être une femme chef puissante et talentueuse? Alors que la plupart des hommes chefs sont photographiés avec un tablier, les femmes, elles, sont mises en scène de façon glamour. Aucun ustensile de cuisine n’apparaît. Les médias continuent à insister sur le fait que les femmes qui cuisinent doivent être sexys. Il faut que ça change car elles devraient être mise en valeur pour leur savoir-faire et non pas pour leur physique bombesque. Ça suffirait sans doute, sur le long terme, à faire sortir le sexisme de la cuisine.
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