Streetstyle : le début de la fin ?

Streetstyle : le début de la fin ?

Après avoir bouleversé l'ordre établi au sein de la fashion sphère et engendré bon nombre de succès foudroyants, le phénomène streetstyle montre aujourd'hui ses premiers signes d'essoufflement...

Initié dans les années 60 par Bill Cuningham puis mis en orbite dès 2005 par des blogs tels que "The Sartorialist" ou "Face Hunter", le phénomène streetstyle séduit rapidement les modeuses, ravies de pouvoir s'approprier le dress code des passantes stylées et autres élégantes évoluant aux abords des fashion weeks.
 
Très vite cependant les choses s'emballent : afin d'attirer l'oeil des Tommy Ton et consorts et bénéficier ainsi d'une nouvelle aura bankable, les rédactrices de mode, journalistes, acheteuses et autres blogueuses optent pour des looks bien plus "editorial" que prêt-à-porter. À coups de pièces sponsorisées, d'accessoires extravagants et de changements de tenues intempestifs, celles-ci finiront par donner naissance à ce que Suzy Menkes qualifie aujourd'hui de "Circus of Fashion"...
 
Conscientes que le système commence à atteindre ses limites, certaines icônes streetstyle ont récemment décidé de prendre les devants. Muse emblématique de Tommy Ton, Anna Dello Russo a ainsi délaissé cette saison ses tenues extravagantes au profit de looks un brin plus rationnels. De son côté, Giovanna Battaglia s'est faite nettement plus discrète, tandis que la rousse Taylor Tomasi semble avoir tout fait pour éviter l'objectif des photographes...
 
Et si certains leur reprocheront une certaine ingratitude, ces professionnelles du look "sartorialisable" n'en demeurent pas moins bien avisées. À l'heure où la pertinence du phénomène streetstyle devient de plus en plus discutable, il est en effet grand temps pour ces "it" fashionistas de capitaliser sur leur célébrité rapidement acquise et d'éviter de se brûler les ailes en sombrant dans un jusqu'au-boutisme hasardeux.
 
Autrement dit, après avoir atteint des sommets d'excentricité et de faux-semblants, les abords des fashion weeks pourraient bien connaître un relatif retour au calme. À moins que le business plan des Vika Gazinskaya et autres Ulyana Sergeenko - consistant à se servir du streetstyle pour promouvoir leurs propres créations - ne fasse rapidement école et ne déclenche l'arrivée d'une nouvelle vague de jeunes femmes tout aussi avides des flashs des photographes...
 
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