Bruxelles interdit les tests sur les animaux pour les cosmétiques vendus en UE

Bruxelles interdit les tests sur les animaux pour les cosmétiques vendus en UE

Une interdiction totale... avec exceptions : c'est ainsi que se résume la décision de la Commission européenne qui, lundi 11 mars, a annoncé la fin de l'expérimentation animale pour tous les produits cosmétiques commercialisés dans l'Union. Savons, shampoings, parfums, dentifrices, crèmes : les nouveaux produits qui auront fait l'objet de tests sur des lapins, des rats, des souris ou d'autres animaux ne pourront plus être mis sur le marché. En revanche, ceux qui sont déjà commercialisés et ont fait l'objet d'expérimentations animales avant d'être jugés sans risque ne subiront aucun changement.

La Commission reconnaît une difficulté : il n'est pas possible, au stade actuel des connaissances scientifiques, de remplacer tous les tests sur les animaux par d'autres méthodes. Notamment pour les cosmétiques pouvant avoir des effets complexes sur l'ensemble de l'organisme humain. Bruxelles a pourtant déjà consacré 238 millions d'euros à la recherche de techniques de substitution depuis 2007 et elle finance aussi, jusqu'en 2015, une initiative conjointe avec l'industrie (25 millions d'euros chacun).

La décision d'interdiction – qui entre en vigueur immédiatement – marque l'aboutissement d'un très long processus, commencé en 1993. L'expérimentation animale pour les cosmétiques était déjà partiellement interdite depuis 2004. En 2009, c'est la mise sur le marché d'ingrédients ayant fait l'objet d'essais sur les animaux qui était prohibée. Ce sont les dernières dérogations concédées à l'industrie qui ont pris fin le 11 mars.

Désormais, tous les nouveaux produits, d'où qu'ils viennent, ne pourront plus être commercialisés en Europe si leurs composants ont fait l'objet d'expérimentations sur des animaux. Tonio Borg, commissaire à la santé, évoque "un exemple d'innovation responsable, sans le moindre compromis pour la santé des consommateurs".

"RETOMBÉES POSITIVES"

L'industrie européenne des cosmétiques, forte de ses 70 milliards d'euros de chiffre d'affaires et de 184 000 emplois, avait réclamé une réforme progressive. Elle affirme désormais vouloir se conformer entièrement à la décision de la Commission.

"C'est un beau jour pour les animaux, pour les consommateurs, pour la science ainsi que pour l'industrie de la beauté", a commenté l'ONG PETA. Avant 2004, quelque 9 000 animaux étaient utilisés chaque année pour des tests. Ce chiffre est tombé à 344 en 2009. Les expérimentations effectuées hors de l'Union pour l'industrie européenne, depuis 2009, ont nécessité de 15 000 à 27 000 animaux, selon les estimations.

Il faut toutefois relever que certains ingrédients inclus dans les cosmétiques sont également utilisés dans des détergents, des peintures, des produits pharmaceutiques, etc. Pour ces autres usages, ils pourront continuer à être testés sur des animaux. D'où l'appel de PETA à des "retombées positives" de la décision de mardi pour ces secteurs également.

L'Union européenne espère désormais convaincre d'autres pays de l'imiter. L'Inde, l'Israël et une entreprise japonaise se montreraient sensibles à ses arguments. Bruxelles affirme vouloir faire de ceux-ci une priorité dans ses futurs échanges commerciaux. La Commission entend "expliquer son modèle et le défendre" auprès de ses partenaires, ainsi qu'agir pour des techniques de substitution acceptées dans le monde entier.

source: www.lemonde.fr

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