Le Groenland porte une femme au pouvoir pour la première fois

Le Groenland porte une femme au pouvoir pour la première fois

Une femme va être nommée pour la première fois au poste de premier ministre du Groenland.

Aleqa Hammond et les sociaux-démocrates du Siumut sont arrivés en tête des élections législatives organisées mardi dans le territoire autonome dépendant du Danemark. Avec 42 % des voix, le parti Siumut, qui milite pour un contrôle et une taxation accrus sur les compagnies minières, devrait obtenir 14 des 31 sièges du Parlement, ratant la majorité absolue. Il lui faudra former une coalition pour gouverner.
 
Le parti du premier ministre sortant, Kuupik Kleist, est crédité d'environ 34 % des voix, selon les premiers résultats officiels diffusés mercredi par la chaîne KNR. "C'est un camouflet", a-t-il reconnu au micro de la KNR. Dans ce territoire de 57 000 habitants, dont la superficie représente le quart des Etats-Unis, les élections se sont jouées sur l'opposition entre les activités traditionnelles des Inuits, dont la chasse aux phoques et la pêche, et les investissements dans le secteur minier favorisés par le gouvernement sortant. De nombreux Inuits redoutent que l'exploitation minière ne provoque des dégâts sur l'environnement et place le territoire arctique sous influence chinoise.
 
Avec la fonte de la banquise et l'ouverture de nouvelles voies de commerce maritime à travers l'océan Arctique, le Groenland sort progressivement de son isolement et son importance géopolitique a crû du fait de ses gisements de minerais et des possibles réserves d'hydrocarbures au large de ses côtes. Un certain consensus existe sur la nécessité d'attirer des investisseurs étrangers, et notamment des compagnies minières, pour diversifier les revenus du territoire autonome et réduire sa dépendance financière vis-à-vis du Danemark, dont la dotation annuelle représente plus de la moitié du budget du Groenland. Mais pas à n'importe quel prix, a souligné Aleqa Hammond durant la campagne électorale.
 
CRISTALLISATION SUR L'EXPLOITATION MINIÈRE
 
L'un des projets les plus controversés est porté par la compagnie britannique London Mining PLC, prête à investir 2,3 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros) pour exploiter du minerai de fer près de la capitale, Nuuk, et l'exporter vers la Chine. Quelque 2 000 travailleurs chinois sont susceptibles de participer à sa mise en exploitation.
 
Aleqa Hammond, née en 1965 dans un village isolé et dont le père s'est noyé en chassant la baleine alors qu'elle était encore une enfant, estime qu'il faut chercher à augmenter les recettes publiques provenant des ressources naturelles (pétrole, gaz, or, diamant, uranium, zinc, plomb). Elle souhaite également que les compagnies minières soient taxées dès leur implantation au Groenland. Kuupik Kleist propose lui de ne les taxer que lorsqu'elles commencent à dégager des bénéfices.
 
Elle s'est également prononcée pour une réforme d'une loi que le gouvernement sortant a fait voter pour favoriser les investissements étrangers. Cette législation, dénoncent ses détracteurs, a autorisé des compagnies à faire venir de la main-d'œuvre à bon marché pour travailler sur des projets de construction. Mais Aleqa Hammond est dans le même temps partisane d'une levée de l'interdiction d'extraction de minerais radioactifs, une disposition qui a stoppé certains projets d'exploitation de terres rares, cruciales pour certaines technologies de pointe, comme les smartphones. "La question centrale, c'est de savoir qui dirigera notre pays, expliquait-elle mardi à Reuters avant de voter. Les gens ont le sentiment que les compagnies étrangères ont trop de poids ici."
 
Source : www.lemonde.fr
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