Thérèse Rabatel, adjointe au maire de Lyon : “Des inégalités hommes-femmes très ressenties”

Thérèse Rabatel, adjointe au maire de Lyon : “Des inégalités hommes-femmes très ressenties”

Thérèse Rabatel, adjointe au maire de Lyon, déléguée à l’égalité femmes-hommes, était l'invitée ce vendredi de Jazz Radio pour l'émission Ça Jazz à Lyon, proposée en partenariat avec LyonMag.

Nous sommes le 8 mars, journée internationale pour les droits des Femmes. La ville de Lyon organise aujourd’hui de nombreuses manifestations. Le thème choisi cette année est l’égalité dans l’emploi. Les inégalités sont-elles particulièrement ressenties en ces temps de crise ? "Les inégalités sont particulièrement ressenties aujourd’hui mais en même temps le titre de cette journée est "Femmes, Emplois, Inégalités" avec le "In" qui est barré. Dans l’emploi, on peut trouver source d’émancipation, d’égalité et de liberté pour les femmes mais dans la réalité des faits, on se retrouve encore devant de nombreuses inégalités qui restent inacceptables". 
 
Ces dernières années, des avancées ont été obtenues. Aujourd’hui, vous estimez qu’on plafonne un peu ? "Oui, on plafonne ! Par exemple sur les inégalités de salaire, il n’y a aucune amélioration depuis des années. Aujourd’hui, on est toujours à 27% de différence entre les femmes et les hommes. Il y a 18% de cette différence qui s’explique parce que les emplois ne sont pas les mêmes ; elles sont sur du partiel ou encore des emplois qui sont dévalorisés. Mais il y a 9% qui sont sur de la discrimination pure et qui sont inexplicables".
 
Comment expliquez-vous ces barrières ? "Ce sont en partie des stéréotypes et des préjugés sur les femmes. Ces dernières s’autocensurent et ne se permettent pas certains métiers. Elles vont donc sur des métiers du soin ou de l’éducation qui devraient être valorisés mais ce sont des métiers qui sont moins payés. Les employeurs, eux-mêmes, hésitent avant de prendre des femmes à cause de l’affaire de la maternité. Les femmes payent cette question de la maternité qui est pourtant quelque chose d’extrêmement important, intéressant et formidable pour le pays. Aujourd’hui, les smicards sont des smicardes. 80% des travailleurs pauvres sont des femmes".
 
Véronique Garnodier, la PDG de Charlott’Lingerie était l’invitée jeudi de cette même émission. Cette dernière déclarait que les femmes, elles-mêmes, se mettaient des barrières. "Les femmes se mettent un peu de barrières mais je ne suis pas 100% d’accord. C’est aussi la façon dont l’ensemble de la société fonctionne  mais aussi le regard des hommes. Tout le monde est responsable : les syndicats, les entreprises, l’Etat par ses lois, les couples, les hommes et les femmes… Tout le monde a sa responsabilité".
 
Le thème de l’égalité dans l’emploi, c’est aussi pour faire écho au gouvernement qui dresse cette question de l’égalité comme une priorité de 2013 ? "Pour moi, c’était un sujet que je n’avais pas encore pris pour le 8 mars. Bien sûr que le gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, notre ministre s’est emparée de la question des stéréotypes".
 
Vous estimez qu’elle va dans le bon sens ? "Elle s’est aussi emparée de la question de l’égalité professionnelle. Elle a pris en particulier la région Rhône-Alpes comme une région test sur la question des stéréotypes et de l’égalité professionnelle".
 
Comment jugez-vous ce qu’elle est en train de mettre en place, c'est-à-dire l’égalité dans les entreprises ou la petite enfance ? "Mon jugement de presque une année aujourd’hui de travail de Najat Vallaud-Belkacem, c’est un jugement positif. Je trouve qu’elle fait avancer les lignes. Cela faisait quand même depuis 20 que nous n’avions plus de ministre chargé des droits des Femmes. Elle a secoué l’ensemble du gouvernement en donnant à chaque ministre sa responsabilité. Il y a même eu de la formation des ministres sur l’égalité entre les femmes et les hommes comme moi je vais le faire avec les adjoints de la Ville de Lyon et les conseils de quartier".
 
Au-delà de cet éclairage ponctuel du 8 mars, que faîtes-vous sur la ville de Lyon spécifiquement ? "L’an dernier, nous avons signé un plan d’actions pour les femmes sur la ville de 65 actions qui touchent 14 adjoints de la ville dans toutes leurs compétences ; le sport, la culture, le logement, la question des violences, l’éducation, la petite enfance…".
 
Après un an, ça fonctionne ? "Oui. Par exemple ce mois-ci, j’ai le plaisir de vous annoncer que nous allons ouvrir deux hébergements d’urgence qui sont donnés pour la ville de Lyon pour les femmes victimes de violence pour les mettre à l’abri si un jour elles viennent voir la police en disant qu’elles sont vraiment très inquiètes pour leur vie. On a vu que cela existait en France, y compris dans le Rhône ces derniers temps malheureusement. Après un an de travail sur ces 65 actions, toutes les actions avancent".
 
A la ville de Lyon comme au Grand Lyon, les postes de 1er adjoint et de vice-président sont encore tenus par des hommes ? "Au Grand Lyon, c’est un vote qui est au deuxième degré donc forcément il y a d’énormes perditions, et ce sont d’abord les maires qui sont élus au Grand Lyon… A la Ville de Lyon, ce n’est pas pareil, nous avons moitié d’hommes et moitié de femmes. Cela ne gêne pas Gérard Collomb. Les femmes ont fait leurs preuves. Gérard Collomb dit qu’il n’est pas féministe un peu pour rire mais en même temps il reconnait aussi que ses adjointes ont bien porté leur compétence".
 
Source : www.lyonmag.com
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