C'est l'unité d'enquêtes financières du secrétariat des finances et du crédit public qui a réussi à prouver de très nombreux transferts vers les États-Unis au profit de la maestra et de ses sociétés. Ces transferts concernent notamment l'achat de deux maisons sur une île proche de San Diego en Californie, des soins de chirurgie esthétique, le paiement du salaire d'un pilote et les frais d'entretien de l'avion privé d'Esther Gordillo.
Le syndicat SNTE est puissant de 1,7 million de membres. Depuis de nombreuses années, il fait la pluie et le beau temps dans l'éducation. Aucune décision n'est prise sans son accord. Il est maître du recrutement et de la promotion des professeurs. Elba Esther Gordillo le dirige d'une main de fer depuis 1989. Elle a été réélue en octobre 2012 au cours d'un scrutin dont la transparence a été mise en cause.
Prochaine réforme, le pétrole
Cette arrestation intervient alors que le président Enrique Pena Nieto, élu en juillet dernier à la tête de l'État mexicain, a engagé une vaste réforme de l'éducation qui vise à introduire un meilleur contrôle des enseignants et de leur promotion. Une vraie déclaration de guerre contre le SNTE.
Pena Nieto appartient au PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), une formation qui a gouverné le pays pendant soixante-dix ans avant de perdre les élections en 2000. Pena Nieto a signé le retour de ce parti au pouvoir avec la promesse d'importantes réformes, malgré l'opposition de syndicats souvent liés au PRI. Elba Esther Gordillo a fait très longtemps parti du PRI, y assumant des fonctions dirigeantes, notamment secrétaire générale au début des années 2000, et briguant même sa présidence. Exclue en 2006, elle milite dans le nouveau parti Nueva Alianza.
Depuis des années, ses malversations financières étaient de notoriété publique. Son arrestation devrait faciliter la réforme du système éducatif mexicain. La prochaine grande réforme à engager pourrait concerner le secteur pétrolier, avec cette fois l'obstacle du non moins puissant syndicat des travailleurs du pétrole.
Source : www.lefigaro.fr