SOCIETE : Interview Virginie Vernier et Patricia Ruffy-Chadan

SOCIETE : Interview Virginie Vernier et Patricia Ruffy-Chadan

Virginie Vernier et Patricia Ruffy-Chadan fondatrices de la galerie comtesses.

Quel est votre parcours ?

Virginie : Je suis historienne médiéviste de formation à la faculté de Lyon 3. A la suite de mes études j’ai travaillé avec un antiquaire spécialisé dans le moyen âge. Puis j’ai pris la direction d’une scène des ventes aux enchères à Nice pendant 3 ans. Cette expérience m’a ouverte à l’art moderne, d’où l’orientation qu’a pris la galerie Comtesse à sa création. C’est l’idée de cette galerie qui m’a fait revenir sur ma terre d’enfance, la région lyonnaise.

Patricia : Je ne suis pas lyonnaise. J’ai rencontré Virginie dans la haute epoque. C’est une spécialité propre au marché de l’art  qui prend en compte le moyen âge et la Renaissance à la première moitié du 17ème siècle. Nous avons travaillé chez le même antiquaire. De là se sont initiées notre relation professionnelle et notre amitié. Nous avons un point commun très fort qui est le moyen âge car je suis aussi historienne de l’art médiéval.

La galerie Comtesse est-elle une galerie comme les autres ?

Virginie : Absolument pas ! C’est une galerie qui a pris le parti de mélanger à la fois l’art moderne et contemporain. Nous avons pris la décision d’être très éclectique. Nous avons un regard qui se pose sur différents courants, œuvres, périodes tout en gardant une ligne conductrice qui est l’art moderne. Nous avons des spécificités comme l’école Russe, de Paris, de Nice. Nous décidons ensemble l’entrée de chaque œuvre dans notre galerie.

Patricia: Nous revendiquons souvent la notion du coup de cœur quant aux œuvres qui sont exposées. Nos visiteurs apprécient ce regard. Nous créons des contextes et des ambiances en mêlant les différentes époques. Nous tentons de renouveler ces ambiances en permanence, rien n’est figé. C’est un lieu de vie, d’échange et de rencontre.

Comment avez-vous eu l’idée de vous associer pour créer la galerie ?

Virginie : En 2008 mon contrat à la salle des ventes pour laquelle je travaillais s’est arrêté. J’ai toujours voulu travailler avec Patricia depuis notre première expérience dans les années 2000. Je lui ai proposé de monter notre galerie afin de ne plus travailler pour les autres mais pour nous. Je nous ai lancé le pari de nous associer en étant patron et de mêler nos compétences dans une aventure commune. Nous nous sommes associées en juillet 2008 dans une plus petite galerie au départ. Il y a un an et demi nous avons agrandi notre projet afin de créer des évènements et des rencontres plus propices grâce à un lieu permettant d’accueillir un plus grand nombre de personne. 

Patricia : C’est grâce à cet espace plus important que nous avons pu mettre en place des œuvres d’art contemporaines.

Vous faites une différence entre l’art moderne et l’art contemporain, expliquez-nous ?

Virginie : L’art contemporain se définit très simplement car l’artiste est encore en vie. Il mérite d’être reconnu car il n’a pas sur le marché une visibilité très importante. Leurs qualités méritent d’être défendues, ce qui est l’enjeu de notre galerie.

L’art moderne se situe à la fin du 19ème siècle et des années 50. Les œuvres sont plus réputées et reconnues par le marché de l’art. Elles sont cotées.

Patricia : Nous ne pouvons pas faire une césure entre ces deux arts, ils sont dans la continuité. Nous aimons faire une nuance dans l’art contemporain avec ce que nous appelons des contemporains historiques. Ces artistes vivent et produisent toujours aujourd’hui. Prenons l’exemple de Soulage, qui a 93 ans, sa production s’inscrit dans une grande partie du 20ème siècle et continue à exister dans le 21ème siècle.

Selon vous, comment appellerons nous l’art dans une cinquantaine d’année ?

Virginie : Aujourd’hui nous simplifions les courants. Il y a le courant figuratif, abstrait… Nous devrions d’avantage nous attacher à ce que représente l’œuvre plutôt que le patronyme moderne ou contemporain. Ce serait plus le courant de penser lié à l’œuvre que nous devrions retenir, plus que cette catégorie moderne ou contemporaine. J’aurais plus envie de parler de courant abstrait, figuratif, réaliste… dont l’idée intellectuelle est mise devant le fait de savoir si il est vivant ou mort.

Expliquez-nous votre principe de l’art en entreprise ?

Patricia : C’est une idée qui est naît assez récemment, fin 2012 je crois. Nous avons présenté à la galerie quatre artistes contemporains. Il nous est venue l’idée de proposer à différents publics de mettre en scène au sein de leurs espaces professionnelles des œuvres choisis parmi celles de nos artistes contemporains. Ceci permet d’agrémenter un espace de travail, de réception, de vie sur une modalité plus simple et accessible qu’un achat pur au sein de la galerie. Une œuvre contemporaine va être louée pour un temps défini entre 3 et 6 mois ou bien 6 mois et 1 an. Cette œuvre sera mise en scène sur une modalité de règlement mensuelle.

Nous avons initié cette prestation avec le World Trade Center qui a inauguré ses locaux en juin dernier à la tour Oxygène. Depuis y sont exposées des photographies de notre artiste Jean-Jacques Bernard pour une durée d’un an.

Quels sont vos projets pour cette année et celles qui suivent ?

Patricia : L’art en entreprise est un secteur que nous souhaitons développer mais en parallèle de nos autres activités. Nous continuons à promouvoir nos artistes en galerie ? Nous achetons et vendons des œuvres. Comme nous le dirions dans notre jargon nous « chinons ». Nous sommes en perpétuelle évolution. Afin de prendre un parti plus orienté nous exerçons notre activité d’antiquaire de façon plus intimiste.

Virginie : Je ne fais pas de césure entre l’activité contemporaine et celle d’antiquaire. Nous sommes des antiquaires qui ont eu l’audace de défendre l’art contemporain. La galerie se prête d’avantage à présenter des œuvres plus contemporaines mais l’activité d’antiquaire est toujours présente et défendue.

Patricia : Elle est à part, elle ne correspond pas à l’image d’un antiquaire. Nous multiplions différentes époques au sein d’un même espace.

Virginie : Nous avons dépoussiéré l’image de ce métier. La galerie n’est pas classique car nous organisons des dîners, des vernissages avec musique… nous voulons que nos évènements soient différents de ce qui a toujours été fait.

 Nous avons une dynamique et une envie de nous approprier les choses. C’est pour cela aussi que nous avons repris l’association de commerçant de la rue Auguste Comte. Nous défendons le Tapis Rouge pour le côté classique de l’événement tout en essayant de le moderniser. Patricia est secrétaire, j’en suis la présidente. Nous essayons d’insuffler un dynamise nouveau tout en gardant les valeurs de l’art, de l’antiquité. 

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