Surprise au « Monde ». Les actionnaires du quotidien ont choisi Natalie Nougayrède pour la direction du titre. Pierre Berger, Xavier Niel et Matthieu Pigasse souhaitent que la correspondante diplomatique du « Monde » succède à Erik Izraelewicz, décédé le 27 novembre. Agée de quarante-six ans, Natalie Nougayrède a rejoint le quotidien du soir en 1996. Elle fut notamment sa correspondante en Russie et a reçu, en 2005, le prix Albert Londres pour ses reportages en Tchétchénie.
Elle a donc été préférée à Alain Faujas, Franck Nouchi et Arnaud Leparmentier. Pourtant, depuis le début du processus, Franck Nouchi et Arnaud Leparmentier partaient favoris. Mais les actionnaires n'ont pas réussi à se mettre d'accord ni sur l'un, ni sur l'autre. Ils n'ont pas été très loquaces pour expliquer leur choix. « Pour aimer la cuisine... il ne faut jamais regarder comment on la fait », sourit Xavier Niel, interrogé par «Les Echos ».
Conformément à la procédure, Natalie Nougayrède doit maintenant recueillir au moins 60 % des voix de la Société des rédacteurs (SRM), présidée par Alain Beuve-Mery. Le vote se tiendra le 1 er mars prochain. Natalie Nougayrède présentera son projet à la rédaction le 21 février. « Je veux impulser un élan, et oser l'audace. Je veux rassembler, dans la mesure de mes possibilités, tous ceux qui pensent que nous devons exceller encore plus, sur tous les supports », écrit-elle dans un message envoyé aux salariés du « Monde ». Contrairement à son prédécesseur qui était à la fois directeur du « Monde » et directeur de la rédaction, elle devrait scinder les deux fonctions et proposer Vincent Giret, actuel directeur de la rédaction de « Libération », comme directeur de la rédaction du « Monde ».
Les trois actionnaires jouent gros sur cette nomination. Un refus de la rédaction déclencherait une crise de succession au sein du journal. Si elle réussit son examen de passage, Natalie Nougayrède deviendra la première femme à diriger « Le Monde » et la deuxième à prendre la tête d'un quotidien français, après Dominique Quinio à « La Croix ».
Source : www.lesechos.fr