Bébé mort in utero : le parquet ouvre une enquête

Bébé mort in utero : le parquet ouvre une enquête

Une mère a perdu son enfant in utero après n'avoir pu accoucher le jour dit.

Son compagnon a porté plainte contre X : il estime que l'hôpital est responsable du drame. Un bébé est-il mort faute de place à l'hôpital? C'est ce que pense un couple de la région parisienne qui a perdu son enfant in utero vendredi. Ils accusent la maternité Cochin-Port-Royal de Paris d'être responsable du drame faute d'avoir pu les accueillir comme prévu en raison d'un service débordé. Le couple a déposé dimanche matin une plainte contre X pour «homicide involontaire par négligence». Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour éclaircir les circonstances du drame. Plus tôt, se déclarant très émue, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait ordonné une «enquête exceptionnelle, à la fois administrative et médicale». Des premiers éléments de compréhension devraient être connus lundi en fin de journée.

«On va être très très prudent, il peut y avoir des causes médicales, il faut rester très prudent», a dit le directeur du groupe hospitalier Cochin-Port-Royal, Patrick Houssel. «C'est une situation exceptionnelle, très très rare et grave», a-t-il dit.

Dans Le Parisien , le père, Stéphane, revient sur les événements. Effectuant une grossesse à risques avec possibilité de donner naissance précocement, sa femme, Déborah, avait rendez-vous jeudi à 7 heures à la maternité, qui dépend de l'AP-HP, pour déclencher l'accouchement. Le rendez-vous ayant déjà été reporté, Stéphane appelle pour se le faire confirmer, mais on lui répond d'attendre et de venir à 11 heures. Ce que le couple fait, mais, à l'heure dite, on leur déclare qu'aucune chambre n'est disponible. Ce délai inquiète le couple, car, la semaine précédente, Déborah était venue aux urgences: le bébé ne bougeait pas beaucoup. Après avoir insisté auprès du médecin de garde, les parents sont redirigés vers les urgences de Port-Royal.
Le personnel hospitalier est sous le choc

L'examen du rythme cardiaque du bébé ne révèle rien d'anormal, a expliqué l'hôpital au Parisien. «Une sage-femme débordée qui courait de box en box est venue vers nous pour nous dire de rentrer chez nous. Pour elle, il n'y avait pas d'urgence», raconte Stéphane. Craignant une insuffisance fœtale, lui et sa compagne proposent un transfert vers une autre maternité, mais leur demande est «balayée». «Ils n'avaient pas le temps», estime Stéphane.

Alors que le couple est en route vers son domicile, il reçoit un coup de fil de la sage-femme. «“Je n'ai pas eu le temps de vous demander si le bébé bougeait bien”, rapporte Stéphane. Ma femme lui répond qu'il ne bouge que quand il est stimulé. Cet appel n'a fait qu'augmenter notre inquiétude.» Dans la nuit, la jeune femme se réveille. Elle se sent mal et le bébé ne bouge plus. Le couple se précipite aux urgences, mais, cette fois, le monitoring ne montre aucune activité cardiaque. Le bébé est mort, et il faut déclencher l'accouchement.

Le couple a demandé une autopsie de l'enfant. L'agence régionale de santé d'Ile-de-France a déclaré «suivre de près cette situation» et «reste dans l'attente de l'analyse de l'AP-HP». «Il convient de déterminer pour quelles raisons cette femme a été renvoyée à son domicile, s'il y avait un manque de lits à Port-Royal et pourquoi la patiente n'a pas été transférée dans une autre maternité», dit l'AP-HP.

De son côté, l'hôpital Port-Royal a diligenté une enquête interne pour savoir si le personnel est «passé à côté de quelque chose». «Mes équipes sont choquées par le décès de ce bébé», a déploré Dominique Cabrol, le patron de la maternité. Le gynécologue a confirmé que «le déclenchement était bien prévu jeudi» et que, ce jour-là, à la maternité Port-Royal, «on était en saturation totale». «On peut penser que, si la jeune femme avait accouché comme prévu, le bébé serait vivant», estime-t-il.

La classification des maternités

Selon le président du Syndicat national des gynécologues obstétriciens Syngof, Jean Marty, le drame de Port-Royal illustre «le dévoiement» du plan périnatalité et de la classification des maternités en trois types, allant de la prise en charge des grossesses normales à la prise en charge de celles à haut risque et des nouveau-nés présentant des détresses graves.

Cette classification, scellée par un décret de 1998, a «abouti au discrédit des maternités qui n'étaient pas de niveau élevé», estime Jean Marty. «Les gens ont pensé qu'ils étaient plus en sécurité dans les maternités de type III et donc on a eu un engorgement de ces établissements, avec, dans le même temps, la volonté de l'administration de fermer les maternités privées de type I pour récupérer ce volume économique», a-t-il déclaré à l'AFP.

La maternité Cochin-Port-Royal, maternité de type III qui dispose d'unités obstétriques, de néonatalogie et de réanimation néonatale, a enregistré 5000 naissances en 2012.

Source : www.lefigaro.fr

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