Mercredi 9 Janvier 2013 à 12h54
Une ex-élue du Congrès, survivante d'une fusillade, s'attaque aux armes
L'ancienne élue du Congrès américain Gabrielle Giffords, grièvement blessée à la tête lors d'une fusillade il y a tout juste deux ans, a lancé mardi 8 janvier une campagne pour s'attaquer au puissant lobby des armes aux Etats-Unis et demander une réglementation plus stricte.
Alors représentante de l'Arizona (sud-ouest) au Congrès, Mme Giffords avait été touchée d'une balle en pleine tête, le 8 janvier 2011 à Tucson, lorsqu'un tireur avait ouvert le feu à l'occasion d'une réunion électorale. Six personnes, dont une fillette et un juge fédéral, avaient perdu la vie dans cette tragédie qui avait choqué le pays.
L'élue démocrate avait échappé de peu à la mort, et, après une longue convalescence, elle avait annoncé fin janvier 2012 sa démission du Congrès. Mardi, Mme Giffords, qui est devenue depuis une figure emblématique, a annoncé qu'elle lançait l'initiative "Des Américains pour des solutions responsables" après une visite à Newtown (Connecticut, dans le nord-est du pays), où 27 personnes, dont 20 enfants, ont été tuées en décembre par un jeune homme armé.
SE BATTRE POUR CE QUI EST JUSTE
Dans un éditorial publié par le quotidien USA Today, cosigné de son époux l'astronaute Mark Kelly, l'ancienne élue estime que "réussir une réforme pour réduire la violence due aux armes, et empêcher les fusillades de masse, signifie se démener autant que les lobbies des armes et avoir autant d'argent qu'eux", en référence au puissant lobby de la NRA (National Rifle Association). Elle précise que son initiative "récoltera les fonds nécessaires pour contrer l'influence du lobby des armes" et appuyer les hommes politiques "qui se battent pour ce qui est juste".
Le président Barack Obama a promis des mesures pour s'attaquer à la violence due aux armes dans le pays, après la tragédie de Newtown. La NRA a proposé peu après le drame que des gardes armés soient postés dans les écoles. Le lobby des armes va rencontrer le vice-président américain Joe Biden, qui pilote un groupe de travail pour revoir la réglementation sur le contrôle des armes, a annoncé mardi la Maison Blanche.
Le sujet reste très sensible aux Etats-Unis, où un groupe américain de médias en ligne Gawker a publié mardi la liste de plus de 23 000 personnes autorisées à détenir une arme à feu à New York, quelques jours après une publication similaire, très controversée, dans un journal local.
NEWTOWN, UN "MOMENT CRITIQUE"
Mme Giffords dit ne pas vouloir remettre en question le sacro-saint deuxième amendement de la Constitution, qui donne aux Américains le droit de détenir des armes. "Ce que nous voulons, c'est ce que veulent la majorité des membres de la NRA et d'autres Américains : des modifications responsables de nos lois pour une détention responsable des armes, et pour réduire la violence."
L'ancienne élue a aussi précisé sur la chaîne ABC News que la tragédie de Newtown était un "moment critique". "Désormais, c'est différent. Vingt petits d'une école primaire tués dans leur salle de classe, cela parle à tout le monde." Le couple ajoute dans son éditorial qu'il veut d'abord voir l'introduction de contrôles sur le passé des acheteurs potentiels d'armes, lors des transactions privées. "Pourquoi ne pourrait-on pas rendre difficile, pour un malade mental ou un criminel, l'achat d'une arme ?", a lancé M. Kelly.
Il remet également en cause les chargeurs à grande capacité. L'homme qui a blessé Gabrielle Giffords, Jared Lee Loughner, avait un pistolet semi-automatique Glock avec un chargeur de 33 coups. Quelque 30 000 morts par an aux Etats-Unis sont dues aux armes.
Source : www.lemonde.fr