Ségolène Royal rêve de revenir dans le jeu

Ségolène Royal rêve de revenir dans le jeu

La présidente de la région Poitou-Charentes avait besoin de temps pour se «reconstruire», mais elle cache de moins en moins qu'elle aimerait revenir.

Ce sera, sans aucun doute, l'une des rengaines de 2013: Ségolène Royal fera-t-elle, ou non, son come-back? Ses proches, les ministres Guillaume Garot et Dominique Bertinotti en tête, sont persuadés que leur mentor reviendra dans le jeu et multiplient les appels à lui trouver une «place». «Je n'ai pas l'ombre d'un doute, confie le ministre délégué à l'Agroalimentaire. Elle reviendra. Le pays a besoin de ce talent.» Sur France Inter, avant Noël, sa collègue de la Famille ne disait pas autre chose: «C'est une voix spécifique, une voix qui s'adresse aux classes populaires, une voix pleine de volontarisme (…). Pour que la gauche réussisse, on a besoin de tous les talents et Ségolène Royal fait partie de ces talents (…) Moi, je souhaite qu'(elle) retrouve une place forte qui permette de faire entendre une voix forte.»
 
Depuis son échec aux législatives à La Rochelle, Ségolène Royal, qui rêvait de la présidence de l'Assemblée nationale, s'est mise en retrait. Épuisée par des années de combat politique acharné (présidentielle de 2007, congrès de Reims de 2008, primaire PS de 2011), traumatisée par son échec de juin, la présidente de la région Poitou-Charentes avait besoin de temps pour se «reconstruire». Mais cette mini-traversée du désert semble déjà lui peser. Et l'intéressée cache de moins en moins qu'elle aimerait revenir: «Il faut être persévérant, savoir attendre, confiait-elle il y a peu. J'aimerais bien entrer dans le dispositif.» Et elle ajoutait, drôlement: «Je suis multicarte.» Royal, qui ne veut pas d'un «lot de consolation», se verrait bien au gouvernement. «Elle ne dit pas, comme Martine Aubry, c'est Matignon ou rien! Elle est faite pour agir. Un retour au gouvernement, c'est la logique politique», note l'un de ses intimes.
 
Très réticent il y a trois mois, un très proche de François Hollande estime aujourd'hui que l'hypothèse d'une nomination de Ségolène Royal, y compris au gouvernement, est «possible». «Mais ce n'est pas fait, c'est compliqué», relativise-t-il aussitôt. Dans la majorité, un retour de l'ex-candidate de 2007 - que certains imaginent à la Justice, si Christiane Taubira était nommée au Conseil constitutionnel ou quittait le gouvernement pour une autre raison - ne va pas de soi. D'autant moins que Ségolène Royal arrive troisième, derrière Jean-François Copé et Nadine Morano, dans le palmarès des personnalités qui ont le plus agacé les Français en 2012, selon une enquête réalisée par l'hebdomadaire VSD. «Dans les coulisses du gouvernement, une minorité assure que Ségolène est incontournable, mais la majorité estime qu'un retour relève du pur fantasme», résume un conseiller ministériel. «Si Hollande nomme Royal, on s'exposerait à une nouvelle séquence à la Jean Sarkozy (que Nicolas Sarkozy avait voulu nommer à la tête de l'Epad, NDLR), tranche un sénateur PS. Ce serait privilégier un membre de la famille. On est dans une République, pas une oligarchie!»
 
«On ne devrait pas enfermer une femme politique dans ce qu'a été sa vie privée, nuance un responsable socialiste. Mais c'est compliqué, c'est vrai… Si elle était nommée au gouvernement, il n'y aurait pas de précédent…» Un proche de l'ex-candidate temporise: «Ségolène et François forment un vrai duo, insécable. Tous les deux savent quoi faire l'un de l'autre…»
 
X