Vêtements et accessoires de seconde main : quoi de neuf à Lyon ?

Vêtements et accessoires de seconde main : quoi de neuf à Lyon ?
Vêtements et accessoires de seconde main : quoi de neuf à Lyon ? - DR

Le marché de la seconde main n’a jamais été aussi populaire que ces dernières années. La tendance a d’ailleurs bousculé les habitudes de consommation dans de nombreux domaines. C’est le cas à Lyon où les boutiques de vêtements et d’accessoires de seconde main ne cessent de se multiplier, d’attirer et de se diversifier.

"Je n’achète quasiment plus de neuf. Il y a aujourd’hui pas mal de choix de vêtements de seconde main à Lyon." Croisée en Presqu’île, Alice ne manque pas de vanter la diversité des magasins de seconde main au sein de la capitale des Gaules. La jeune femme de 31 ans a désormais ses habitudes. "J’aime bien Les Dégoteuses et Les Débraillées dans le 1er arrondissement. J’ai l’impression que chaque semaine une nouvelle boutique de seconde main ouvre ses portes à Lyon", assure-t-elle. 

En effet, les concepts ne manquent pas dans les rues de l’agglomération lyonnaise. "La seconde main est presque devenue aujourd’hui un phénomène de mode. Même les grandes enseignes s’y mettent. Avant, les avis étaient négatifs car on disait que les vêtements étaient vieux et toujours tachés. Du fait de la baisse du pouvoir d’achat, les gens ont décidé de se tourner vers la seconde main", nous confirme Tiffany Notin, fondatrice de La Friperie Nomade, une boutique ambulante de vêtements et d’accessoires de seconde main. "Même moi, je le vois à travers mes évènements. Des mamies de 70 ans viennent et ça fait plaisir", ajoute-t-elle. 

S’il y a quelqu’un à l’origine de la popularité de la seconde main, c’est bien Vinted. "Nous voulons faire de la seconde main le premier choix dans le monde." Telle est la devise de la plateforme dont la création remonte à 2008 en Lituanie par Milda Mitkute et Justas Janauskas. Elle est aujourd’hui présente dans une vingtaine de pays et a enregistré un chiffre d’affaires record de près de 600 millions d’euros en 2023. De quoi inspirer certains et certaines…

"Un Vinted lyonnais"

"A l’époque, les boutiques de seconde main, c’était surtout du vintage. Selon moi, il manquait une offre de seconde main récente et tendance. J’achetais tout sur Vinted car je ne trouvais pas ce que je voulais en boutique", assure Julie Berger, fondatrice de Doux Comptoir, un comptoir de vêtements de seconde main installé à Lyon qui propose notamment des marques telles que Zara, Maje, Mango ou encore Sézane. "Le but était vraiment de créer un Vinted lyonnais convivial et accessible. Qu’on puisse acheter mais également déposer", poursuit la jeune entrepreneuse. Doux Comptoir vient de fêter sa deuxième année d’existence avec toujours l’objectif de démocratiser la seconde main. "Il y a encore des personnes réticentes mais je vois bien que les gens ont envie de se mettre à la seconde main. Il y a des personnes qui s’y mettent pour des raisons de budget principalement", explique Julie Berger dont les prix vont de 10 à 200 euros avec un panier moyen de 30 à 40 euros par acheteuse. 

Si la seconde main est encore la cible de préjugés et de critiques, son image a malgré tout évolué de façon positive. Plusieurs facteurs ont contribué à cette ascension fulgurante, notamment la place de plus en plus importante des enjeux écologiques dans la société sans oublier l’inflation avec au bout la baisse du pouvoir d’achat. "Ceux qui viennent ont une volonté de moins acheter neuf", atteste Annouck Blanchouin, créatrice de Pastel, une boutique de seconde main pour femmes et enfants dans le 7e arrondissement. "Ce qui plait dans la boutique, c’est cette impression justement de ne pas être dans une boutique de seconde main avec une très belle sélection. On met un point d’honneur à ce que les pièces soient encore modernes et de bonnes marques", ajoute la jeune femme qui envisage désormais de créer un réseau de boutiques de seconde main avec une ouverture prochaine à Grenoble. "Tous les ans, le marché de la seconde main c’est +15% ce qui est énorme", insiste Annouck Blanchouin.

La place croissante du luxe

Opération séduction réussie pour la seconde main puisque même le luxe s’y met. "Les pièces neuves sont aujourd’hui devenues hors de prix. Avant, on pouvait s’offrir un Chanel Timeless en économisant. Les gens trouvent que ces prix ne sont aujourd’hui plus en adéquation avec la qualité de la pièce", estime Gwendoline Lo Conte, fondatrice de LC Collections à Lyon. "Initialement j’avais ouvert la location d’articles de luxe pour rendre le luxe accessible au plus grand nombre. J’ai ensuite décidé de basculer sur de la seconde main parce que ça me paraissait être plus cohérent avec notre mode de consommation actuelle plus responsable", complète-t-elle. Parmi les récentes ouvertures lyonnaises faisant écho à ce rapprochement entre le luxe et la seconde main, Maison Clémence en est également le parfait exemple. Ce service de dépôt-vente premium et de luxe rachète et vend du Sandro, du Dior, du Zadig & Voltaire, du Burberry, du Chanel, du Jacquemus, du Ba&sh ou encore du Comptoir des Cotonniers. "J’ai essayé de m’inspirer des codes de la seconde main avec les codes des maisons de luxe. Le graal pour Maison Clémence est de convertir une déposante à la seconde main", confie Clémence Bricon, fondatrice de Maison Clémence. "Certaines personnes sont encore frileuses pour acheter. Concernant les hommes, ils vident leurs placards mais n’achètent pas en seconde main", conclut l’entrepreneuse dans un sourire. Ça, c’est une autre histoire…

A.D.