Le 1er décembre dernier au petit matin, Marie Goncalves remportait pour la première fois de sa carrière de sportive l’incontournable trail de la SaintéLyon. Une jolie consécration pour celle qui est devenue quelques jours plus tard avocate au Barreau de Lyon. Rencontre avec une jeune femme passionnée pas comme les autres à qui les défis ne font pas peur.
Lyon Femmes : Plusieurs mois après votre victoire sur la distance reine de la SaintéLyon (82 km), quel est votre état d’esprit ?
Marie Goncalves : En tant que Lyonnais, c’est une course mythique. Même quand on ne fait pas de sport, tout le monde connait un peu la SaintéLyon. Ma maman l’avait déjà faite en entier et j’avais eu l’occasion de la suivre. Elle a même gagné la course en relais avec ses copines. Il y a donc une petite histoire avec la SaintéLyon (rires). J’en ai encore la chair de poule rien que d’y penser parce que la remporter c’est magique. C’est une course pas facile et il faut vraiment mobiliser toutes ses capacités physiques et mentales.
LF : A quand remonte votre passion pour la course à pied et le trail ?
MG : Ce sont mes parents qui m’ont mise à la course à pied quand j’avais 7 ans. Je faisais un peu plein de sports avec du lancer, du saut… On s’est vite rendu compte que je n’étais pas très grande (rires) J’étais quand même meilleure sur la course donc j’ai fait pas mal d’athlétisme et de cross. Ça fait vraiment 4 ans que je me suis mise au trail.
LF : Une carrière de sportive professionnelle que vous menez en parallèle du métier d’avocate. Vous avez d’ailleurs prêté serment en décembre dernier. Pourquoi ce métier ?
MG :Je pense qu’il y a énormément de similitudes entre la vie d’un sportif de haut niveau, surtout dans les sports d’endurance, et le métier d’avocat. Notamment sur le dépassement de soi et rester dans la détermination même quand on a l’impression que tout va s’écrouler et qu’on ne voit pas l’issue du dossier. En course à pied, c’est pareil. J’ai failli abandonner la SaintéLyon parce que je n’étais pas bien. Donc, si je ne persévère pas, la fin n’est pas heureuse comme elle s’est produite. C’est le dépassement de soi et le challenge que je retrouve complètement dans le métier d’avocat.
LF : Comment justement allier le côté traileuse et le côté avocate ?
MG : J’aime bien dire que quand côté sport ça va, côté avocat ça va aussi. Après je ne vais pas vous mentir, c’est un emploi du temps plus que chargé. La planification et le fait de se fixer des objectifs, je pense que ça m’aide. Tout est prévu. Je n’ai pas de temps de perdu dans ma semaine. Après je pense que le métier d’avocat est un métier stressant. On y passe beaucoup de temps, donc il faut pouvoir se défouler. C’est vraiment très important d’avoir cette échappatoire. Il faut trouver sa passion car pour moi, la passion est le dénominateur commun entre le métier d’avocat et la course à pied. Je n’ai pas l’impression de faire de sacrifices même si je m’entraine tous les jours ou même quand il faut travailler un dossier ou une plaidoirie le week-end. Je n’ai pas l’impression de travailler parce que j’aime ça. Je pense que c’est vraiment la clé pour réussir et tenir sur la durée.
LF : Vous avez une spécialité en tant qu’avocate ?
MG : J’exerce principalement en droit commercial et en droit immobilier. Depuis le 1er octobre 2024, j’ai commencé un Master 2 en droit du sport. Tout le monde me disait que j’étais complètement folle. Je pense que les personnes qui poursuivent leurs rêves se font un peu envahir par leurs projets (rires). Moi c’est le cas ! J’aurais pu faire du droit du sport sans le Master comme je fais du droit depuis 8 ans mais je pense que pour conseiller et vraiment accompagner des sportifs, des associations, des clubs, ça me permet d’être encore plus aguerrie sur le sujet. C’était un peu le pari fou de cette année : de rajouter quelque chose en plus de mon métier et de mon sport. Après c’est toujours la passion, je n’ai pas l’impression de travailler.
LF : Qu’attendez-vous de cette année 2025 ? Des courses prévues ?
MG : Le premier grand défi c’est déjà de tout accorder et pouvoir tout concilier. Ma grosse course phare ce sera le Grand Trail des Templiers, le 80 kilomètres, en fin d’année.
LF : Avez-vous un grand rêve en tant que sportive ?
MG : Il y a quelques mois, j’aurais dit gagner la SaintéLyon (rires). Aujourd’hui, les courses de l’UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc) me font vraiment rêver du fait du plateau qui est international. Il y a aussi les championnats du monde et d’Europe. J’avais eu la chance de porter le maillot de l’équipe de France lors des championnats du monde de trail en Autriche en 2023 où nous avions été championnes du monde par équipe. C’était magique !
LF : On vous retrouvera sur la ligne de départ de la prochaine SaintéLyon ?
MG : Je ne sais pas encore… Ça fait quatre ans que je m’aligne sur une course de la SaintéLyon. Cette année, je ne sais pas.
LF : Votre devise dans la vie ?
MG : Transforme les aléas en opportunités !
Propos recueillis par A.D.