Née en Savoie, Eva Ngallé a par la suite vécu pendant une dizaine d’années à Lyon, sa ville d’adoption. La jeune femme de 34 ans a vécu une relation de huit ans avec son ex-compagnon, avec lequel elle a eu son petit garçon âgé de 9 ans aujourd’hui.
Pendant ces nombreuses années de concubinage, la candidate de l’émission a subi des violences conjugales, l’amenant à partir.
"Quand je me suis rendu compte des violences et que j’ai réussi à partir, je ne me doutais pas que cela continuerait après."
Malgré une interdiction de rentrer en contact due à de nombreuses insultes et menaces, les deux parents sont obligés d’échanger sur le sujet de l’enfant en attendant la confirmation de la garde exclusive par le juge. Il y a donc eu la mise en place d’une tierce personne pour faire passer les messages. Son avocate ne travaillant pas les week-ends, ni les jours fériés, il était donc difficile de lui donner ce rôle. C’est donc le père d’Eva qui a endossé cette casquette. Cependant, il peut être difficile de mettre une troisième personne dans la boucle. C’est généralement une personne qui n’est pas formée pour cela et qui a de l’affect. "Je me suis dit qu’on pouvait automatiser ces messages pour que ce soit plus une vraie personne qui fasse le filtre."
De cette réflexion, est née quelques années plus tard, l’application TI3RS. Depuis décembre 2023, ce sont plus de 2500 personnes, principalement des femmes qui se sont inscrites.
"TI3RS, 3 pour les 3 composantes qu’il y a dans les situations de violences conjugales et intrafamiliales, parent 1, parent 2 et un enfant qui se retrouve au milieu."
Le but de l’application est d’avoir accès à un chat utilisé uniquement pour communiquer avec son ex-partenaire, avec qui les relations sont devenus compliquées. 24h/24 et 7j/7, vous pouvez faire passer des messages aux sujets des enfants, mais sans que cela se fasse avec des insultes, des menaces ou du harcèlement.
Si cela arrive, l’application permet d’avoir des preuves suffisantes pour alimenter un dossier juridique grâce au téléchargement de l’historique des conversations.
"Si on a besoin de porter plainte, on doit faire des captures d’écrans pour aller au commissariat, et des fois on doit remonter sur un mois voire un an. C’est un travail difficile de devoir se replonger dedans, ce qui en décourage beaucoup pour entamer des démarches."
Aujourd’hui ce sont plus de 400 historiques qui ont été téléchargés pour aller déposer une plainte. Mais cette messagerie a également d’autres buts. C’est aussi un filtre. Les utilisateurs peuvent aussi choisir de recevoir ou non des notifications, pour se protéger du harcèlement.
"Certaines personnes peuvent recevoir jusqu’à 300 messages dans la journée, ils ont peur de la sonnerie du téléphone, de l’arrivée de notifications, ils peuvent donc choisir quand ils sont prêts à en recevoir."
Une fois les enfants mis au lit, après les horaires de travail, les jours de rendez-vous avec le psy ou avec une association, c’est à l’utilisateur de choisir et de reprendre le contrôle sur ce sujet.
Le chat permet également de mettre un filtre sur certains mots. Les messages violents vont être bloqués grâce à une liste de mots-clés détectés, et masquer s’ils sont reçus. Un message « attention un message offensant a été détecté » apparaît sur la conversation. On peut alors demander à voir le message, mais les mots violents seront remplacés par un langage fleuri. "Salut fleur je vais chercher les enfants à telle heure fleur."
Cela permet que l’information passe, mais tout ce qui n’est pas essentiel ne passe pas et donc de protéger la personne. Plus de 30 000 messages ont déjà été envoyés et près de 1500 ont été filtrés.
"Les femmes battues ce ne sont pas uniquement des bleus"
L’émission était pour Eva Ngallé l’occasion de parler de cette problématique.
"La violence après la séparation est très peu abordée. Quand je suis partie, je ne savais pas tout ce qui allait se passer après. C’était très difficile de me reconstruire tout en faisant les démarches, tout en m’occupant de mon fils."
Des milliers de femmes se retrouvent dans la même situation que Eva. Elle souhaite ainsi montrer que l’on peut s’en sortir et montrer que la violence peut prendre plein de formes différentes, qu’il n’y a pas seulement les coups et qu’il peut y avoir du positif par la suite.
"Je suis debout, j’ai créé une entreprise, je vais bien. Il y a des solutions qui existent, même si c’est dur, il y aura toujours des personnes pour nous soutenir. On peut s’en sortir, on peut partir, on peut aller bien, on peut se sauver et sauver ses enfants."
L’application disponible partout en France est accessible sous forme d’abonnement à 9,99 euros par mois. Cependant, pour les femmes n’ayant pas les moyens, le CIDFF (Centre d'Informations sur les Droits des Femmes et des Familles) du Rhône, partenaire de l’application, propose un accompagnement et un accès gratuit à TI3RS.
Le passage d’Eva Ngallé dans l’émission sera à suivre ce mercredi 12 février à partir de 21h10 sur la chaîne M6.