Élodie Clouvel : "On peut être à la fois championne et mener de front sa vie de femme"

Élodie Clouvel : "On peut être à la fois championne et mener de front sa vie de femme"
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Élodie Clouvel, 35 ans, née à Saint-Priest-en-Jarez dans la Loire, est une athlète française de haut niveau en pentathlon moderne, une discipline qui combine cinq sports : natation, course, escrime, équitation et tir.

Née en 1989 dans une famille d’athlètes, elle a pratiqué la natation pendant de nombreuses années avant de se tourner vers le pentathlon à l’âge de 19 ans.

Également sous-lieutenante dans la Gendarmerie nationale, son parcours atypique, allant de la natation au pentathlon, ainsi que sa constance en compétition, font d’elle une figure majeure du sport français, couronnée par la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Paris 2024.

En exclusivité pour Lyon Femmes, Élodie Clouvel a accepté de répondre à nos questions.

Au début de votre carrière, vous avez été contactée par la fédération du triathlon mais aussi celle du pentathlon. Pourquoi choisir le pentathlon ?

J’avais aussi envie de me lancer un défi par rapport à l’équitation. J’avais peur des chevaux parce que j’avais fait une chute étant plus jeune, et je m’étais dit que je ne remonterais plus jamais sur un cheval. C’était un vrai défi de surmonter ma peur, et aujourd’hui j’adore l’équitation et j’en ai fait une force.

Est-ce que vous avez un sport préféré entre les cinq ?

J’aime beaucoup l’escrime. C’est vraiment l’un des sports que j’adore. Je prends beaucoup de plaisir dans ce sport, notamment grâce au combat et à la stratégie. C’est un sport très instinctif, avec un côté très animal qui ressort.

Comment on fait pour s’entrainer sur ces cinq disciplines  ?

On s’entraîne 30 heures par semaine (rires). Ensuite, il s’agit de maîtriser les cinq disciplines et de bien gérer son temps… Tout tourne autour de mes entraînements et de la récupération. Quand on a un objectif de médaille aux Jeux Olympiques, comme cet été, cela représente de nombreuses heures d’entraînement. Tout tourne autour de ça, je n’ai plus de temps pour faire autre chose. Nous avons des plannings spécifiques et pratiquons entre trois et quatre sports par jour. Il y a aussi la préparation physique, l’optimisation du geste, le Pilates… Les journées sont bien remplies (rires).

 Vous avez rencontré des doutes ou des pertes de motivation durant votre période d’entrainement ?

J’ai forcément eu des périodes de doute, où l'on se demande : "Est-ce que je vais vraiment y arriver ?" Ce sont plutôt des remises en question, mais jamais des pertes de motivation. J’ai toujours su que, malgré les difficultés, je ne lâcherais jamais rien. J’ai rencontré des obstacles, des difficultés, des doutes, des peurs, mais je n’ai jamais abandonné. J’ai toujours continué et persévéré, et c’est grâce à cela que j’ai remporté une médaille. Je me suis accroché et ça a payé, donc c’est ce qu’il faut retenir. À 10 mois des Jeux, j’ai décidé de me challenger avec une nouvelle équipe. C’était un pari risqué, mais c’est ainsi que je me sentais heureuse, en accord avec moi-même, et que je pouvais performer. Le plus important est de suivre ses convictions, son instinct et d’être toujours alignée avec ce que l’on veut accomplir.

Médaillée d’argent aux JO de Rio de Janeiro, vous êtes la première athlète française à obtenir une médaille en individuel. On ressent quoi à ce moment-là ?

J’étais très fière de me dire que j’étais la première athlète féminine et la première dans l’histoire de mon sport à obtenir une médaille olympique. J’ai renouvelé cet exploit aux JO de Paris cet été. De plus, c’est un sport qui, à la base, est militaire, et les femmes sont entrées tardivement aux JO. C’est donc une immense fierté de voir qu’aujourd’hui, il y a autant de femmes que d’hommes dans mon sport. Le niveau est aussi élevé chez les femmes que chez les hommes.

À domicile cet été, quel était votre sentiment ?

C’est clair que c’est une immense fierté. C’était également un grand honneur d’être la dernière à cheval à passer pour les JO de Paris, en plus avec un cheval de la Garde républicaine, et au château de Versailles, ce qui rendait l’expérience vraiment magique.

C’est quoi le programme pour les prochaines années ?

Aujourd’hui, mon objectif est d’aller jusqu’aux JO 2028 de Los Angeles, avec, entre-temps, j’espère, un enfant. J’ai envie de montrer qu’on peut être à la fois championne, maman, et mener de front sa vie de femme. J’y pensais déjà après Tokyo, mais j’ai repoussé pour Paris. Maintenant, je sens qu’avec mon compagnon, nous avons vraiment envie d’avoir un bébé ; cela nous tient à cœur. C’est un véritable défi que je me lance.

Avez-vous d’autres passions dans la vie ?  

J’adore la mode, le cinéma, l’art en général, je suis une créative dans l’âme. Je suis aussi une artiste dans ma pratique sportive, c’est ainsi que je vois mon sport. J’ai besoin de créer chaque jour, de me renouveler, de faire les choses différemment, et c’est ça qui est beau : je fais les choses à ma manière.

Qu’est-ce que vous aimez à Lyon ?

Je suis allée récemment à Lyon avec ma sœur, et elle m’a emmenée dans le Vieux Lyon, où l’on trouve les fameux bouchons lyonnais. J’ai adoré, c’était vraiment génial. La nourriture était excellente, j’ai pris des quenelles, c’était super sympa, et j’ai passé un très bon moment.

Propos recueillis par J.B. 

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