Psychomotricienne depuis 2019, Marie Descombes a étudié à Lille jusqu’au confinement, avant de retrouver Lyon, sa ville de cœur. Elle obtient un poste à la clinique Saint Vincent de Paul à Bron où elle travaille au quotidien avec des patientes souffrant d’anorexie et de dysmorphie.
En parallèle de son activité, elle découvre par hasard un petit échappatoire qui fait écho à son quotidien. Un jour, elle doit faire un cadeau à un proche mais elle dit en riant : "Je n’avais pas de thune !". Alors à partir d’un pot de cornichons vide, qu’elle métamorphose en le couvrant d’argile auto-durcissant, elle crée une poterie représentant le corps d’une femme : ainsi est né le premier Corps Nichons. Mais elle choisit de ne pas lui faire n’importe quel corps ; elle façonne une silhouette bien en chair, aux hanches généreuses, au ventre potelé et à la poitrine plantureuse. Depuis, elle n’a cessé de confectionner ses "grosses dames" comme elle aime les appeler.
Marie parle d’"art thérapie", affectée par ses patientes mal dans leurs peaux et tétanisées à l’idée de prendre du poids. Elle confie prendre plaisir à façonner des corps décomplexés, "je me décharge, ça me fait du bien".
Marie recycle des bocaux qu’elle récupère majoritairement sur la plateforme Give, mais elle démarche des créateurs pour pouvoir prendre des cours de céramique, une pratique qu’elle aime déjà. Elle explique vouloir monter en gamme et pourquoi pas faire de plus gros stocks. Mais la particularité de créer autour d’un bocal permet de mettre de l’eau à l’intérieur pour y faire pousser des plantes.
Pour l’heure elle n’a confectionné que des petits formats mais elle est ouverte aux nouvelles propositions et aux nouveaux modèles. Marie évoque des changements : "Je changerai peut-être de matière pour des raisons pratico-pratiques, comme le passage au lave-vaisselle par exemple." Des tasses Corps Nichons verront peut-être le jour en 2024…
Elle fabrique ainsi ses "grosses dames" depuis 2021, mais son activité s’est accélérée en 2023 grâce au bouche-à-oreille et à sa présence sur les réseaux sociaux. Une fleuriste lyonnaise l’a d’ailleurs démarchée, pour qu’elle puisse exposer ses Corps Nichons dans sa boutique. Elle se dit être ravie que ses poteries soient appréciées, mais surtout qu’elles plaisent aux femmes comme aux hommes.
Marie affectionne particulièrement la collaboration qu’il y a entre elle et ses clients, puisqu’ils choisissent la décoration et elle crée à la demande. Aussi, elle aime l’idée qu’elle ne produit jamais deux fois la même pièce, "comme chaque corps, tous les Corps Nichons sont différents".
Si Marie a un message à faire passer à travers ses créations, c’est bien l’acceptation de soi : "Il faut arrêter la grossophobie, laissons-nous tranquille !". La représentation du corps des femmes dans la société laisse encore à désirer, alors Marie Descombes souhaite casser les codes, à sa façon.
E.M.