Cécile Baudin s’est vue récompenser du prix de polar des Éditions 10/18. Née à Lyon et ayant passé la plus grande partie de son enfance dans l’Ain, c’est au sein de la région qu’elle implante son roman Marques de Fabrique pour lequel elle a été récompensée.
Ce dernier nous plonge dans l’Ain des années 1890, Claude Tardy est une jeune inspectrice se travestissant en homme avec la complicité de son mentor Edgar Roux. Tous deux font face à de mystérieuses disparitions : un pendu dans une tréfilerie et trois mois plus tard aux abords d’un lac est retrouvé le corps d’un homme congelé, sosie du suicidé. Non loin, dans les Soieries Perrin une nouvelle recrue perturbe Sœur Placide. La jeune fille ressemble trait pour trait à Léonie, ancienne pensionnaire partie se marier sans jamais donner de nouvelles.
Une triple disparition qui finira par réunir les deux femmes. Sœur Placide et Claude Tardy vont tenter ensemble, de découvrir qui est le fantôme qui hante les couloirs du pensionnat témoin d’événements plus que mystérieux.
Au plus proche des terres
Dans une atmosphère rurale, Cécile Baudin présente un polar qui nous plonge dans les méandres de l’industrialisation de l’Ain grâce à un processus d’écriture minutieux. "Quand je confectionne mon histoire, je passe par trois phases récurrentes", explique Cécile Baudin. Après avoir longuement épluché les ressources bibliographiques et historiques, la romancière troque les livres contre ses valises et part sur les traces de son histoire.
"Au fur et à mesure des recherches des trous dans l’histoire apparaissent. Mon but est de les combler avec l’imagination", avoue-t-elle. De ce long travail de recherche naît un roman aux descriptions si précises que l’expérience de lecture n’en est que plus immersive. "Il m’arrive de pleurer pour mes personnages car je sais qu’ils vont vivre des épisodes effrayants et douloureux", avoue la romancière qui se cache derrière ses deux personnages principaux.
"Je suis un mélange entre Claude et Sœur Placide. La première est audacieuse et a soif de justice. La deuxième est rentrée dans une seconde phase de vie où elle se pose des questions existentielles et doute", révèle-t-elle.
"Dans le polar, il y a un double intérêts"
Marques de Fabrique, ce sont plus 300 pages d’harmonie entre le polar et l’histoire. Le lecteur est plongé dans une multitude de disparitions inexpliquées qui le pousse dans un long travail d’enquête virant à l’obsession. Une fois la première page tournée, il devient difficile de ne pas finir le roman d’une traite.
Un procédé littéraire qu’affectionne particulièrement la passionnée de fiction d’horreur. "J’aime trembler ! Dans le polar il y a un double intérêt : l’enjeu vital de trembler et l’enjeu de l’énigme qui propose au lecteur d’être plus actif que dans une histoire classique", explique-t-elle.
"Marques de Fabrique livre deux interprétations l’une complètement rationnelle, l’autre plus ésotérique et spirituelle", complète la romancière qui laisse au lecteur libre court à son imagination. Si Marques de Fabriques ne se réclame pas du style de l’horreur, Cécile Baudin joue avec les limites. Cette dernière avoue même vouloir s’essayer à l’exercice de l’horreur qui démontre avec frisson et peur les travers de l’humain qui ne parvient plus à maitriser sa nature.
Une plongée historique frissonnante dans l’industrie rhodanienne grâce au genre littéraire du polar, un roman à dévorer cet été et le reste de l’année.