Ce sont au total 31 artistes qui se sont emparés des lieux pour exprimer leur créativité dans des scénographies. Chacun a sa singularité et sa sensibilité mais ils ont une contrainte commune : inclure dans leurs univers des objets appartenant à des Lyonnais. Ils ont cinq semaines pour transformer les lieux et à trois semaines de travail, rien n’est encore terminé.
La cohabitation d’univers différents
Déambulant dans la galerie, on aperçoit les artistes mettre une énergie folle pour créer leurs scénographies dans les temps. Certains ont un casque de musique pour ne pas être déconcentrés par notre passage, d’autres en profitent pour relever le nez et s’accorder une petite pause. La singularité de l’exposition sera sans nul doute la diversité des scénographies. Passant d’un artiste à l’autre, chaque univers est spécial. Traversant un jardin tissé, une piscine, puis une salle de miroirs entre autres.
Les artistes ont adopté un rythme soutenu et Ortans, l’une des exposantes, en témoigne : “C’est vrai que ce mois-ci est très chargé, je passe mes semaines ici et je suis dans ma bulle“. Elle est diplômée en design d’espace ainsi qu’en couture et créer ses œuvres en tissant de la laine. Inspirée par les fleurs, elle réalise de véritables jardins colorés et abondants, sortis tout droit de son imagination.
Plus loin, Modelaine Amblard est assise au milieu de ce qui va être d’ici peu, son restaurant cocasse. “Je trouve que l’on est dans une société absurde alors je voulais jouer là-dessus et créer ce restaurant imaginaire“, confie l’artiste peintre. Elle a créé des petits personnages verts nommés les Mooziarfs, caricatures des comportements humains et les met en scène dans ses œuvres. Sa satire légère prête à sourire et nous emmène dans son imagination.
L’art de la récup’
Tous les artistes sont issus du programme d’incubation Omart, à l’initiative de ce festival et l’ADN du projet est porté sur la récupération et l’upcycling. En somme, c’est le fait de redonner vie à des objets qui étaient destinés à ne plus servir.
Afin de récolter des objets, une collecte est organisée avant chaque édition. Cette année, c’est à Confluence qu’elle a eu lieu en février et les Lyonnais ont pu se “débarrasser“ de leurs vieilleries. En fait pas tout à fait, après l’exposition, les propriétaires pourront récupérer leur objet totalement relooké.
Un festival engagé
Fondée en 2021, le festival Airt de Famille est attaché à des valeurs très précises. Son fonctionnement singulier prouve sa volonté de sensibiliser les visiteurs au développement durable. Il y a également une démarche de réemploi de matériaux et de récupération dans la création des œuvres, ainsi qu’un objectif de zéro déchet. Aussi, les lieux de l’exposition ne sont pas choisis au hasard et Gaëlle Viegas, présidente et fondatrice d’Omart France explique : “Nous organisons les expositions dans des lieux endormis“.
En effet, les éditions précédentes ont eu lieu dans des bâtiments qui ne servaient plus : la Caisse d’Epargne dans le quartier de la Part-Dieu et le musée des Tissus du 2e arrondissement de Lyon. Cette année, Airt de Famille a donc pris possession de la Galerie des Terreaux, située sur la place des Terreaux, face à l’Hôtel de Ville. Cette dernière est fermée depuis 1991 et rouvre pour la première fois à l’occasion de cet évènement.
Yasmine Bouagga, maire du 1er arrondissement de la ville, semble être ravie de cette exposition : “C’est un grand évènement et il est symbolique pour Lyon car il donne une signification de consommer autrement“. Elle souligne aussi une résonnance avec le projet la future vie des lieux, à savoir le réemploi et la sensibilisation écologique
Le rendez-vous est donné dès le 13 avril et l’exposition sera visible jusqu’au 21 juin. Des ateliers artistiques seront proposés et la programmation des vacances sera dévoilée dans les prochains jours. Dans un second temps, du 22 juin au 7 juillet, la restitution et un vide-expo auront lieu, de quoi ravir les amateurs d’œuvres d’art.
E.M.