Pétronille Rostagnat : "Le lectorat du polar est quand même très féminin"

Pétronille Rostagnat : "Le lectorat du polar est quand même très féminin"
Pétronille Rostagnat - DR/Mélania Avanzato

Figure montante du polar en France, Pétronille Rostagnat vient de sortir son huitième roman dans lequel elle plonge les lecteurs dans un thriller au suspense glaçant. A l’affiche de l’incontournable festival Quais du Polar qui débute ce vendredi, l’écrivaine lyonnaise se confie sur son métier passion, un choix de carrière inattendu entre solitude et partage.

Vous serez de nouveau parmi les auteurs présents lors de la 20e édition de Quais du Polar du 5 au 7 avril au Palais de la Bourse de Lyon. C’est le festival à ne pas manquer pour vous ?

C’est un peu le salon international du polar et le rendez-vous annuel à ne pas manquer. C’est une consécration pour les auteurs de polars d’être reconnus et d’être invités à Quais du Polar. Ce sera ma troisième participation consécutive.

Vous venez de sortir votre huitième roman Comment te croire ? aux éditions Harper Collins. Sans trop en dévoiler, à quoi doivent s’attendre les lecteurs ?

C’est un roman assez personnel pour moi avec plusieurs sujets importants comme les relations familiales. On suit Jean Pagen, un ancien commandant à l’Office central pour la répression des violences aux personnes qui ne s’occupe que des cold cases. J’aborde un nouveau héros masculin, ce qui est un peu nouveau pour moi. Ce fameux Jean Pagen part à la retraite avec un dossier sous le bras qui lui tient à cœur qu’il n’a pas pu terminer : la disparition d’une adolescente un matin en se rendant à son lycée. Quand j’ai écrit le livre, je venais de perdre ma maman d’un cancer donc j’avais besoin d’aborder ce lien familial, la perte de quelqu’un, comment on vivait la maladie… L’histoire est née d’une histoire considérée comme vraie d’un jeune garçon aux Etats-Unis faisant beaucoup de rêves et se découvrant la réincarnation d’un pilote de chasse mort pendant la Seconde guerre mondiale. J’ai trouvé que l’histoire était assez riche. Aborder un polar sur ce thème-là est un peu différent de ce que l’on lit d’habitude. Je trouvais cet angle ésotérique intéressant.

A quand remonte votre passion pour l’écriture ?

C’était à l’âge de 32 ans. Je n’étais pas du tout littéraire. J’ai fait une école de commerce et j’ai travaillé dix ans en marketing pour différents groupes. Rien ne m’amenait vraiment à l’écriture. J’ai commencé assez tardivement à aimer lire. J’ai lu une grande liste de polars. J’ai trouvé qu’il manquait des choses, qu’il y avait beaucoup de héros masculins et de stéréotypes. En tant que lectrice, j’en ai eu marre et je me suis dit qu’au lieu de critiquer, il fallait commencer à écrire. J’ai écrit à l’époque mon premier roman La fée noire avec une héroïne Alexane Laroche, une femme, maman avec deux ados à la maison, mariée depuis dix ans et gérant un groupe d’hommes à la bridage criminelle au 36, quai des Orfèvres. Au début il n’y avait pas d’ambition professionnelle et en fait ça a bien marché. Je me suis auto-éditée puis j’ai été contactée par une maison d’édition. J’ai tout plaqué pour écrire et aujourd’hui j’en suis à mon huitième roman.

La vie d’une écrivaine, comment ça se passe ?

J’ai d’abord envie de dire que c’est un métier assez solitaire. Chaque année, j’écris un roman et chaque année c’est une remise en question. Je prends pas mal de critiques des lecteurs pour voir ce qui était bien ou moins bien dans mes romans pour m’améliorer à chaque fois. C’est très important pour moi. Il faut aussi se renouveler dans les histoires, les personnages et ne pas avoir l’impression de toujours raconter la même chose. Il y a deux phases de vie pour un écrivain : la phase d’écriture et la phase de la promotion où l’on laisse le livre dans les mains des lecteurs et ce sont eux qui vont le faire vivre.

L’envie de lire est toujours là aujourd’hui dans un monde où les écrans sont omniprésents ?

Je suis très étonnée car j’ai envie de vous dire que le public est toujours là, et de plus en plus nombreux. Je suis impressionnée par le nombre de lecteurs, notamment ceux qui font la queue pendant des heures à Quais du Polar pour rencontrer leurs auteurs préférés. Je pense que malgré les écrans, moi-même je suis une grande consommatrice de séries, j’ai ce plaisir de lire, de m’évader, de me faire mes propres images. Je pense que les lecteurs ont encore besoin de ça. Le lectorat du polar est quand même très féminin et jeune. J’ai des lecteurs qui ont 15-16 ans, qui commencent à découvrir le genre du polar et qui quittent les mangas et les BD de leur adolescence pour se plonger dans une littérature, on va dire, un peu plus riche peut-être. Le lecteur est toujours là, les ventes sont au rendez-vous, l’envie de cet échange dans les salons ne désemplit pas bien au contraire. Je trouve ça encourageant pour la suite pour le milieu du livre.

Quels sont vos projets pour les prochains mois ? Un nouveau roman ?

Exactement (rires). Il est déjà à peu près à 100 pages. Après j’ai une autre facette d’écriture qui va un peu changer car j’ai vendu deux de mes romans en adaptation audiovisuelle. A la demande des producteurs, je participe à l’écriture des scénarios donc c’est un monde que je découvre. C’est très amusant de réécrire ses romans en version pour la télévision. On me demande par exemple de rajouter des scènes, de renforcer des personnages secondaires du roman, de réécrire des fins… C’est une autre gymnastique et une redécouverte de son propre roman d’une manière totalement différente avec d’autres codes.

Propos recueillis par A.D.

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