Née en 1923 à Bourges, la jeune Josette grandit à Lyon puisque son père tient une droguerie sur le cours Suchet, près de la gare Perrache. Elle rêve de devenir peintre mais ses parents souhaitent un autre avenir pour elle. Dotée d’un fort tempérament, la jeune femme obstinée intègre l’école des Beaux-Arts de Lyon en 1939 et installe son atelier au-dessus du commerce familial.
Son entrée en résistance
L’invasion de la zone sud en 1942 n’épargne pas la ville et Josette décide d’entrer en résistance. Par le biais d’une camarade de classe hollandaise, elle se rapproche du réseau Dutch-Paris, fondé par Johan Weidner, un industriel lyonnais et Herman Laatsman, diplomate hollandais. Elle utilise son talent d’artiste pour s’opposer à l’Occupation et réalise des faux-papiers : des passeports, des laissez-passer, des logos français, allemands, hollandais et même des faux tampons officiels gravés dans des gommes. Josette voyage beaucoup pour remettre les faux-papiers qu’elle dissimule à travers ses croquis.
L’arrestation de 1944
Son amie hollandaise ne revient pas d’une mission, arrêtée par la Gestapo qui sévit de plus en plus au sein de Dutch-Paris. Josette est arrêtée à son tour en mars 1944, dénoncée par sa camarade sous la torture. Pour sa défense, elle tente de faire croire aux officiers allemands que les faux-papiers sont seulement des entrainements de dessins. Face au “boucher de Lyon“ le bourreau Klaus Barbie, cette explication ne passe pas. La jeune femme subit la torture et les coups jusqu’à l’évanouissement mais ne dit rien. Elle est internéeà la prison de Montluc du 3ème arrondissement, dans laquelle environ 10 000 personnes ont été emprisonnées durant l'Occupation.
L’horreur des camps
Josette a vingt ans et elle est transférée à la prison de Fresnes, où elle est de nouveau soumise à des interrogatoires. Puis elle est envoyée au camp de Romainville et est embarquée le 11 août 1944 dans un convoi de 102 femmes, en direction du camp de Ravensbrück. Durant le voyage, ils font une halte au camp de Neue Bremm, en Allemagne, et Josette tente alors de s’échapper. En guise de leçon, elle passe une journée et une nuit sans manger ni dormir, attachée par la cheville gauche et juchée sur un tas de charbon.
Elle arrive ainsi dans le plus grand camp de concentration de femmes sous le troisième Reich, Ravensbrück, avant de finalement être prisonnière au camp de travail forcé d’Holleischen. Dès ses premiers pas sur place, elle assiste à l’assassinat d’une femme par pendaison, accusée de sabotage. C’est la première image qu’elle a du camp. Là-bas elle est forcée de travailler dans des conditions atroces, elle fabrique des armes pour l’armée nazie, on l’affame et on lui inflige les pires sévices mais l’éternelle rebelle ne cède pas.
Par manque de nourriture, elle est contrainte de se débrouiller pour survivre : “j’ai même mangé un jour une taupe qui était endormie par le froid“, confie-t-elle dans Soif de vivre, un témoignage recueilli par Roger Dailler et Monique Mosselmans-Melinand. Puis un jour du printemps 1945, le camp est libéré et Josette retourne à Lyon.
La vie d’après-guerre
La jeune femme a 22 ans et elle vient de connaître les pires moments de sa vie. Ses parents ont déménagé dans le sud de la France, à Nice et Josette décide de les rejoindre. Elle construit sa vie là-bas, à Falicon, se marie et devient ce qu’elle a toujours voulu être : peintre. A travers son art elle témoigne et dans les années 1990 elle réalise près d’une vingtaine d’œuvres représentant le quotidien des camps. Il est difficile pour elle de trouver les mots justes pour exprimer la dure réalité de ce quotidien inhumain, alors elle dessine l’innommable douleur.
Josette devient Officier de la Légion d’honneur, titulaire de la médaille de la Résistance, de la médaille Militaire, de la croix de guerre et passeuse de mémoire inébranlable.
Cette figure féminine de la Résistance s’est éteinte après avoir vécu durant un siècle entier. Ses obsèques auront lieu ce mercredi 28 février, dans son village de Falicon dans les Alpes-Maritimes.
E.M.