Marion Delespierre, championne du monde de trail long : "La première des choses c’est le plaisir"

Marion Delespierre, championne du monde de trail long : "La première des choses c’est le plaisir"
Marion Delespierre, championne du monde de trail long - DR

Deux semaines après son sacre aux championnats du monde de trail long d’Innsbruck en Autriche (87 km et plus de 6000 mètres de dénivelé), la Lyonnaise de 35 ans a retrouvé son quotidien. Médecin du sport au centre médico sportif de Gerland et à la Clinique de la Sauvegarde, Marion Delespierre revient pour Lyon Femmes sur cet exploit réalisé en un peu plus de 11 heures et 22 minutes.

Vous êtes championne du monde de trail long. Vous commencez à réaliser ?

Ça pétille toujours encore un peu même si j’ai rapidement repris mon quotidien. Le lundi je travaillais au cabinet ! J’ai des patients qui me suivent que je n’ai pas encore revus depuis les Mondiaux. Ça me fait des petits rappels. J’essaye de prolonger ces émotions. Je n’ai pas encore repris les entraînements aujourd’hui, juste des petits footings. C’est une période agréable parce que la compétition est passée et le résultat était là.

Comment devient-on championne du monde de trail long ? Combien d’entraînements par semaine ?

Ce sont 5 à 6 entraînements par semaine. C’est quasi tous les jours. La semaine ce sont plutôt des entraînements assez courts à midi ou le soir après le cabinet. Le week-end c’est là où je dois un peu plus charger avec des sorties plus longues. Un peu de musculation aussi pour préparer les articulations et les muscles aux impacts. Après il y a tout l’entraînement mental qui est quand même important pour appréhender les objectifs, ne pas se laisser paralyser par l’enjeu, essayer de mentaliser un peu la course, de la reconnaître un peu en amont, de la visualiser pour essayer de se faire un plan de course dans la tête pour répondre au mieux aux moments difficiles. On sait que des moments ça va être plus compliqué et qu’il va falloir faire un peu le dos rond. Je pense qu’il y a vraiment cet aspect d’entraînement au quotidien régulier, du corps physique et l’entraînement du mental qui n’est pas négligeable.

Le fait d’être une femme change-t-il quelque chose dans le milieu du trail ?

Pas négativement en tout cas. C’est vrai qu’on a des petites particularités notamment au niveau du cycle menstruel où forcément il y a des moments où on est un peu moins en forme pour l’entraînement. Moi je le dis clairement. Je le ressens et j’en informe mon entraîneur quand c’est le cas et j’adapte. Mis à part ce côté-là, je trouve qu’on a plutôt un avantage au niveau mental et gestion de course. On a une meilleure gestion sur les efforts longs. Il y a eu des études scientifiques qui ont montré qu’on avait une meilleure tolérance à la douleur et aux efforts longs parce qu’on avait une capacité à utiliser nos graisses plus facilement que les hommes.

Un petit conseil pour ceux qui débutent ou pratiquent le trail ?

La première des choses c’est le plaisir ! Pour moi il ne faut pas se forcer à faire les choses. Il faut surtout faire les courses qui nous donnent envie et qui nous font rêver. Il ne faut pas se lancer dans des courses par pur challenge parce que le copain l’a fait et qu’on a envie de faire pareil.

Le trail est un sport accessible à tout le monde ?

Oui mais il faut être progressif. Il ne faut par exemple pas se dire tout de suite qu’on va faire un 20, un 30 ou un 40 km. Si on y va progressif en se faisant plaisir, c’est vraiment adapté à tout le monde. Il faut commencer par des petites distances et augmenter seulement si on en a envie.

Propos recueillis par A.D.

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