A 29 ans, la lyonnaise Chloé Trespeuch a terminé deuxième du classement général de la Coupe du monde de snowboardcross. Sa saison a également été marquée par une médaille aux Mondiaux lors de l'épreuve par équipe mixte. Rencontre avec cette sportive de haut-niveau qui pense déjà aux Jeux Olympiques de Milan.
Lyon Femmes : Deuxième du classement général, huit podiums et une victoire, une médaille aux Mondiaux avec Merlin Surget… Quel regard portez-vous sur cette saison ?
Chloé Trespeuch : C'était une saison exceptionnelle. J'ai réussi à atteindre la régularité que je cherchais depuis de nombreuses années. Obtenir une belle perf' dans l'hiver c'est bien, mais le gros challenge, c'était de tenir la fraicheur mentale et physique sur toute la saison. Et là, ça démontre bien la qualité de ce qui a été fait à l'entrainement avec le staff de l'équipe de France. L'autre objectif, c'était d'aller chercher des victoires, il y en a eu une. C'est un début. C'est sur cet axe que je veux travailler, régler les détails qui font que je pourrais aller chercher la première place. Et puis il y a aussi eu cette médaille aux championnats du monde avec Merlin Surget, partager cette médaille avec un garçon de l'équipe, ça décuple les émotions…
On sent beaucoup de détermination… Est-ce qu'il y a l'envie de revenir encore plus forte l'hiver prochain pour remporter le Globe de Cristal ?
J'ai couru après le Globe de Cristal toute la saison, je l'ai loupé de peu. Ça me donne envie de travailler encore plus pour mieux apprendre à saisir mes opportunités. Car j'avais le niveau pour aller le chercher. C'est inspirant le fait qu'on se soit tiré la bourre avec Charlotte Bankes toute la saison. C'est elle qui a gagné. Ça motive encore plus pour la suite.
A plus long terme, il y a aussi les JO de Milan ? Médaillée de bronze à Sotchi, médaillée d'argent à Pékin, on imagine que vous allez viser l'or…
Je vais repartir sur un bloc de quatre ans, les Jeux, ça reste l'événement phare pour les sportifs. Entre temps, il y aura plein d'autres objectifs comme le Globe de Cristal, d'autres Mondiaux… Mais les JO en Europe, dans un pays où les infrastructures existent déjà, où les sports de glisse sont connus, c'est important. Et surtout d'avoir des JO plus responsables, ce qui n'était pas le cas lors des deux précédentes éditions. Il ne reste plus qu'à aller chercher l'or ! En plus, on peut espérer plus de spectateurs français, ça nous stimule de savoir que notre famille nous attend en bas de la piste.
D'ici là, il est temps de savourer votre performance et de profiter de quelques jours de vacances. Comment s'organise l'année quand on s'adonne aux sports d'hiver ?
Après cette saison, je vais prendre un peu de vacances, qui vont se résumer à aménager la nouvelle maison qu'on vient d'acheter près de Lyon. Et puis on va reprendre la préparation physique en se fixant des objectifs sportifs l'été, car notre préparation loin de la neige est très longue. Pour que je sois efficace et motivée pendant cinq mois, je m'inscris à des trails ou au semi-marathon de Lyon. Mais c'est aussi une chance, ça casse la routine, on se nourrit d'autres disciplines. Ça nous donne de la liberté et une zone de créativité à l'entrainement.
Vous faites un sport individuel mais on a l'impression qu'il y a une vraie cohésion dans cette équipe de France, qui a d'ailleurs remporté le globe de la meilleure nation…
On est l'équipe la plus dense à la coupe du monde. Cette diversité d'athlètes nous montre qu'il n'y a pas qu'un seul chemin qui mène vers la performance. Il y a de fortes personnalités mais les coachs gèrent bien ça. S'entrainer dans un groupe mixte, ça enrichit nos relations. Et le fait d'avoir des compétitions mixtes par équipe, c'est important.
Vous faites partie du programme Armée de Champions. C'est important d'être soutenue quand on pratique un sport qui n'est pas forcément très médiatisé ?
C'est une super opportunité de vivre de notre sport, de vivre avec un collectif de sportifs d'horizon divers. On échange beaucoup. L'armée a beaucoup de valeurs communes avec le sport de haut niveau. Ce sont deux milieux qui se rencontrent. Je fais aussi partie d'un programme de la Française des Jeux qui intègre des sportifs de haut niveau et qui nous prépare à la reconversion. C'est un sujet hyper important quand on fait un sport peu médiatisé, il faut penser à l'après. Cet "après" peut venir à tout moment en cas de blessure. C'est grâce à la FDJ par exemple que j'ai intégré Sciences Po Paris. Je suis très bien accompagnée. Ce soutien et cet équilibre m'ont permis d'avoir une telle sérénité cette saison que ça m'a permis d'être une athlète et une femme plus complète.
F.L.