Aux manettes de son jet-ski de 250 kg, elle côtoie les meilleurs athlètes mondiaux. De retour de blessure, la Lyonnaise vise une saison à la hauteur de ses ambitions. A quelques jours de grandes échéances, elle a accepté de se répondre aux questions de la rédaction de Lyon Femmes.
Lyon Femmes : Vous êtes en lice aux championnats de France, mais vous allez aussi participer aux prochains championnats du monde de jet ski. L'occasion de compléter un joli palmarès. D'autant que cette fois, vous visez la première place…
Estelle Poret : C'est un sacré défi. Le jet est un sport qui reste peu médiatisé donc on doit travailler à côté. Mes parents ont toujours donné la priorité aux études, j'ai fait une école d'ingénieur à Biarritz, je suis sortie de l'école à 23 ans et pendant mes études c'était compliqué d'aller viser le titre. J'ai quand même fait de jolis résultats en étant plusieurs fois vice-championne du monde. Après mes études, je me suis plus organisée pour m'entrainer. Mais l'année dernière, je pars enfin favorite et je me blesse sur la première course de la saison. Donc cette année, c'est un double défi : revenir de blessure et remporter le titre. Et je mets toutes les chances de mon côté pour y arriver.
Justement, comment se passe votre préparation ?
La préparation physique est très importante. Je m'entraine 4 à 5 fois par semaine en salle ou en extérieur, grâce notamment à un partenariat avec l'Appart Fitness France qui me met à disposition un coach et l'accès à toutes les salles de France et donc celles de Lyon. Ensuite, je suis sur le jet le week-end au Peyrieu JetSki Club, sur le Rhône, près de Belley.
Mais vous ne gérez pas que la partie entrainement…
Effectivement, il y a aussi la partie logistique et budget, avec la recherche de moyens pour pouvoir se rendre sur les compétitions, avoir une machine qui peut rivaliser avec celle de mes concurrentes. C'est une grosse part du travail dans notre sport. Être sportif amateur aujourd'hui, c'est comme avoir sa propre entreprise. Le sportif amateur doit gérer son marketing, sa partie entrainement, mais aussi son budget, et ça, encore plus dans les sports mécaniques.
Gérer une entreprise, vous connaissez ! Vous êtes à la tête de trois sociétés. Y-a-t-il des similitudes entre ces deux carrières ?
Il y en a pleins ! Et les deux m'apportent quelque chose. Je retrouve le même goût du challenge dans mes deux carrières. Accepter le challenge, le relever… Je pars du principe que chaque dépassement amène fierté et confiance en soi. Que ce soit au travail ou dans le sport, je veux toujours me dépasser pour avoir encore plus confiance en moi et que ça se ressente sur l'eau ou au travail.
Vous parlez de dépassement de soi. On a l'impression que rien ne vous arrête ! Vous rêvez de réaliser un top 5 chez les Elites Hommes. C'est rare les sports où les compétitions sont si ouvertes, et surtout, ce serait du jamais-vu !
Dans le jet, jusqu'à cette année, la catégorie Elite Femmes était avec des machines inférieures aux hommes en termes de puissance. On a voulu montrer qu'on était capable physiquement de tenir les mêmes machines que les hommes et de les concurrencer. Donc je me suis mise à courir avec les hommes, d'autres femmes ont suivi. Et comme rien n'est impossible, j'ai remporté le championnat de France avec les Experts chez les hommes. Donc maintenant je vise les championnats du monde…
Il n'y a donc pas de tant de différences que ça entre un homme et une femme une fois qu'on est sur un jet-ski ?
Il faut rester réaliste, au niveau de la physiologie, l'homme est plus fort et plus résistant en termes musculaires. Mais les femmes ont d'autres avantages. Les femmes sont plus fluides. La où l'homme va passer plus en force, et y mettre plus d'énergie, moi je vais passer plus en douceur, faire moins d'erreurs, prendre moins de risques et au final, ça s'égalise.
F.L.