Les Orchidées Rouges, lieu de reconstruction et de liberté pour les femmes victimes d’excision

Les Orchidées Rouges, lieu de reconstruction et de liberté pour les femmes victimes d’excision
Albertine Pabingui-Gondjé, coordinatrice des Orchidées Rouges à Lyon - Lyon Femmes

Déjà présente à Bordeaux en France et à Abidjan en Côte d’Ivoire, l’ONG a ouvert les portes d’un nouvel institut médico psychosocial à Lyon.

C’est toute une équipe qui est désormais réunie pour accueillir les femmes et les jeunes filles survivantes d’excision et de mariage forcé avec au bout l’espoir d’une nouvelle vie.

"Des femmes libres". Telle est la devise des Orchidées Rouges. Ce slogan est d’ailleurs visible à l’entrée de l’ONG récemment installée dans le quartier d’Ainay tout près de la gare de Perrache. L’institut lyonnais des Orchidées Rouges a ouvert ses portes le 6 février. Une date qui n’a pas été choisie au hasard puisqu’elle correspond à la journée internationale contre les mutilations génitales féminines. Tout un symbole pour ce lieu dont l’objectif est d’accueillir et d’accompagner les femmes et les jeunes filles survivantes d’excision mais également de mariage forcé.

Les Orchidées Rouges ont vu le jour en 2017 à l’initiative de Marie-Claire Kakpotia Moraldo, elle-même victime d’excision à l’âge de 9 ans en Côte d’Ivoire. Cette militante pour les droits des femmes et des filles n’a cessé de faire connaître son ONG face à des chiffres alarmants d’une situation encore méconnue. Selon les Orchidées Rouges, plus de 200 millions de femmes sont victimes de mutilations sexuelles dans le monde, dont plus de 125 000 en France. Auvergne-Rhône-Alpes est la deuxième région la plus concernée par les mutilations sexuelles féminines dans le pays. C’est la raison pour laquelle un nouvel institut médico psychosocial a pris place au sein de la capitale des Gaules. "On vient de démarrer. Toute l’équipe est constituée pour une prise en charge globale", présente Albertine Pabingui-Gondjé, la coordinatrice des Orchidées Rouges à Lyon. Elle est l’une des deux salariées présentes sur place. D’autres professions se retrouvent également au sein de l’institut pour accompagner et écouter les femmes prises en charge à savoir une médecin généraliste, une sage-femme, une psychologue, une ostéopathe, une assistante sociale, une chargée d’insertion, une réflexologue ou encore une professeure de yoga.

"La majorité des cas sont des femmes qui viennent en France pour fuir des mariages forcés et des violences conjugales mais aussi l’excision imposée par leur famille. Elles viennent et demandent l’asile", explique Albertine Pabingui-Gondjé. "On fait partie des maillons de toutes leurs démarches. On les rencontre, on discute… Si elles acceptent de rentrer dans notre parcours d’accompagnement, elles signent un document", poursuit-elle.

Les taux d’excision les plus élevés sont enregistrés dans des pays africains tels que la Guinée, le Mali ou encore la Côte d’Ivoire. "L’excision fait partie des codes qui ont été imposés par la société", assure Albertine Pabingui-Gondjé qui met en avant des coutumes qui n’ont rien à voir avec la religion comme ceux qui pratiquent l’excision le disent pour se justifier. Cette dernière consiste en une ablation du clitoris, et parfois des petites lèvres, sur les petites filles et les jeunes femmes. "L’excision est considérée comme un rite de passage de l’enfance à l’âge adulte. Il y a des croyances qui disent que si une fille garde son clitoris elle sera considérée comme un homme. D’autres pensent que si une femme n’est pas excisée, elle sera stérile. Des mythes et des croyances expliquent cette pratique mais la vraie raison est d’enlever leur libido et de leur permettre de rester chaste jusqu’au mariage", complète la coordinatrice des Orchidées Rouges à Lyon. L’excision se fait par ailleurs sans anesthésie "pour apprendre aux filles à surmonter la douleur. Si une femme a survécu, on dit dans ces pays qu’elle est capable de surmonter beaucoup de problèmes de la vie quotidienne".

Un véritable traumatisme pour les victimes qui peuvent souffrir de complications comme des douleurs chroniques ou de risques d’infections vulvaires, urinaires, gynécologiques… C’est une reconstruction physique et psychologique que proposent les Orchidées Rouges dans leurs différents instituts, notamment à Lyon où une vingtaine de femmes sont déjà aidées depuis l’ouverture du centre dont la devise "Des femmes libres" prend tout son sens entre ses murs. "Elle signifie être libre de disposer de son corps, être libre de vivre sa vie, être libre de s’affranchir de ces cultures et de ces coutumes ancestrales et en être libre au niveau physique, mentale mais aussi économique", conclut Albertine Pabingui-Gondjé.

A.D.

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