Fanny Pocholle le revendique, elle est franco-suisse. Mais si elle a grandi à Nantes, puis vécu quelques temps à Paris, c'est à Lyon que la jeune femme a décidé de poser ses valises et de s'installer il y a quelques mois : "J'ai eu un véritable coup de cœur pour la ville il y a un an quand je suis venu jouer la première fois mon spectacle."
Selon Fanny, "il y a Lyon une vraie culture du café théâtre" avec un public très chaleureux et "plus facile que le parisien", ainsi qu'"une ambiance entre humoristes très saine, avec peu de concurrence." Et la nouvelle Lyonnaise parle en connaissance de cause puisqu'en dépit de son jeune âge, elle a déjà une longue expérience du milieu.
C'est en en effet à seulement l'âge de 12 ans que Fanny commence à écrire ses premiers sketchs dans sa ville natale, au sein de la Compagnie du café théâtre, parrainée par l'artiste Anne Roumanoff. "Même si je rêvais enfant de théâtre classique, de Comédie française, j'ai découvert en intégrant la compagnie un moyen d'expression beaucoup plus rigolo et un véritable échappatoire", confie la jeune femme dont la vocation précoce est aussi liée à la rencontre d'autres humoristes, à l'instar de Shirley Souagnon ou Jéremy Ferrari.
Celle qui était pourtant à l'école "première de la classe", et destinée à une carrière professionnelle plus conventionnelle, décide alors très vite de "devenir saltimbanque". À 18 ans, Fanny part vivre à Paris et écume les scènes ouvertes de la capitale. En 2017, elle créée son premier spectacle "Pas comme nous", racontant "les histoires d'une jeune nana", teintées de ce qui deviendra vite sa signature : l'humour noir.
Et son deuxième woman show, "Vraiment pas comme nous" qu'elle interprète actuellement, est ainsi résolument cinglant, rythmé via de multiples anecdotes par des sujets hautement sensibles comme le racisme, le viol ou l'euthanasie. "L'humour noir me fait rire, mais c'est aussi une manière de faire réfléchir, explique Fanny, d'ailleurs le sketch sur l'euthanasie est celui qui marche le plus, le public est plutôt réceptif et apprend des choses".
À la question de savoir si on peut toujours aujourd'hui rire de tout, la jeune humoriste est affirmative : "Oui, dans la manière et dans le fond. Et si il y a plus de polémiques avec Internet et les réseaux sociaux, sur scène, on peut toujours tout dire". Fanny est par contre plus mesurée sur la place des femmes dans le milieu de l'humour : "Il y a de plus en plus de femmes, mais ça reste encore très masculin. J'étais souvent la seule nana à jouer dans les Comedy clubs. Ça change depuis deux ans. Et une femme qui fait rire, c'est encore un peu compliqué."
D. S.
Du mardi au samedi, à 19 heures, aux Tontons flingueurs. Informations et réservations ici