Marion travaille dans le secteur culturel à Lyon. Cette quadragénaire n’en dira pas plus sur son identité puisqu’elle entend rester anonyme derrière ses œuvres qui ne manquent pas d’originalité. Elle réalise des foufounes "uniques sans moule", plus exactement des vulves en argile puis peintes ou recouvertes d’un papier décoratif dans de la vaisselle ou encore des cadres chinés et dorés. "Ce qui m’intéresse beaucoup, c’est de détourner avec un sexe à l’intérieur des motifs ou des objets très classiques", explique Marion pour qui l’aventure Foufounart a débuté en avril 2021. "J’ai collé dans un square de la Croix-Rousse des œuvres de foufounes. Pendant le deuxième confinement, j’ai eu envie de tenter de m’exprimer dans la rue", se rappelle-t-elle. "Je n’ai pas de formation académique en art. Je suis vraiment autodidacte", précise-t-elle.
Mais pourquoi donc des foufounes ? "J’ai une sensibilité un peu féministe sans être militante pour autant. Je me questionnais tout simplement sur le fait qu’on voyait beaucoup de sexes masculins représentés dans l’histoire de l’art, dans les musées et puis au-delà de ça à l’école, sur les portes des toilettes, des murs", répond Marion. "On a tous vu des zizis dessinés mais pas de sexes féminins", continue la street-artiste qui s’interroge sur la façon de faire bouger les choses.
"J’ai eu envie de mettre aussi des sexes féminins dans l’espace public à la vue de tous pour contrebalancer cette foison de sexes masculins, de les représenter de manière délicate et précieuse dans la mesure où un sexe de femme reste quelque chose de caché et d’un peu tabou", ajoute Marion. "Les femmes c’est quand même la moitié de l’humanité et il n’y a pas de raison de cacher qui on est !"
Ce qui était au départ "un petit défi" est devenu une véritable passion qui permet à la quadragénaire de vendre et d’exposer ses œuvres. Ce fut le cas lors de la dernière édition du Peinture Fraîche Festival où ses foufounes n’ont pas manqué de faire réagir comme c’est à chaque fois le cas. "Je n'avais pas forcément l’intention de continuer mais j’ai eu des retours dans l’ensemble très positifs de femmes de toutes les générations mais aussi d’hommes. Aujourd’hui, c’est devenu un vrai plaisir qui fait partie de mon équilibre", confie-t-elle. L’artiste reçoit également des commandes. "Un papa voulait une pièce pour sa fille de 12 ans pour lui offrir quelque chose de beau et de symbolique pour son passage à l’âge de jeune fille", se rappelle avec une certaine émotion Marion.
L’année 2023 sera synonyme de nouvelles expositions pour Foufounart. Avant cela, les fêtes de fin d’année rythment le mois de décembre de Marion avec des commandes en guise de cadeaux de Noël ! "J’ai beaucoup joué à la mère Noël ces derniers jours", conclut-elle dans un sourire.
A.D.