Carolina Gomez, artiste au cirque Medrano : "Le rôle de la femme au sein du cirque a beaucoup évolué"

Carolina Gomez, artiste au cirque Medrano : "Le rôle de la femme au sein du cirque a beaucoup évolué"
Carolina Gomez - DR Michèle et Jean-Marc Trichard CapturEmotion

A chaque spectacle, Carolina Gomez enchante les spectateurs du cirque Medrano, dont le chapiteau est installé à Lyon jusqu'au 20 novembre prochain.

Cette Chilienne de 37 ans alterne entre son numéro d'équilibriste, juchée sur une balle, et un numéro de cerceaux. "Je suis née dans un cirque. A 7 ans déjà, j'étais sur une piste et je voyais ça comme un jeu. J'ai commencé à intégrer les spectacles vers 15 ans, puis j'ai fait une pause pour faire des études et découvrir la vraie vie. J'ai été infirmière pendant plus de 10 ans. Le cirque me manquait, je cumulais ça avec mon travail à l'hôpital puis je me suis dit que je devais me consacrer au cirque. J'ai compris que ça ne pouvait pas durer éternellement et que je devais faire ma passion".

Si au Chili le cirque est devenu plus sédentaire, Carolina Gomez a retrouvé une vie d'itinérance en intégrant la troupe de Medrano il y a huit mois. "Ce qui me plait, c'est cette sensation de liberté. Nous vivons en caravane sur place avec les autres artistes qui sont devenus ma deuxième famille", nous explique la Sud-Américaine, arrivée dans l'Hexagone pour suivre son petit ami français, dessinateur industriel.

"L'image est très importante pour un artiste, encore plus pour une femme"

A Lyon pendant trois mois, Carolina savoure chaque moment passé sur la piste : "Sur scène, je suis concentrée tout le temps mais je sais profiter. A chaque mouvement, à chaque sourire. Je profite d'être costumée, de sentir les lumières sur moi. C'est une sensation unique. Ça me rappelle mes numéros au Chili. Je sais que le public est là et je donne tout pour les spectateurs. Et quand je finis mon numéro, je prends toujours un moment pour savourer et écouter les applaudissements, car c'est mon cadeau".

Mais pour maitriser ces enchainements, la trentenaire cumule des heures d'entrainement, telle une sportive de haut-niveau : "Pendant les tournées, on ne fait que de la musculation en plus. Mais quand on n'est pas en spectacle, on fait et refait les numéros tous les jours, avec des étirements, de la musculation, des exercices de concentration, du cardio". La moindre pause étant fatale : "Notre corps change, on prend du poids, on perd en souplesse. C'est normal, mais il faut faire attention", précise Carolina, qui se voit vivre de sa passion jusqu'à la cinquantaine. "Ca dépendra de beaucoup de choses. Le corps peut se fatiguer même si on fait attention. Cinquante ans, c'est vieux pour un artiste car l'image est très importante, encore plus pour une femme… Mais ça ne me fait pas peur", assure l'équilibriste.

Pourtant, l'image et la place de la femme au sein du cirque ont considérablement évolué ces dernières années. "Avant, la femme était le faire-valoir des hommes. Petit à petit, sa place a changé. On a commencé à avoir des numéros à nous, à attirer l'attention du public. A Medrano, il y a autant d'hommes que de femmes. Je dirai même que la femme est plus mise en avant, avec un rôle plus important dans le scénario. Nous sommes aussi très impliquées dans l'organisation du spectacle. On s'occupe de la gestion des artistes, qu'ils soient à l'heure, qu'ils aient leurs costumes", détaille Carolina.

"On voit de plus en plus de femmes à la tête des cirques, comme directeur artistique, comme créateur de numéro. Et c'est très important. Les femmes ont beaucoup apporté au cirque traditionnel et elles peuvent continuer d'apporter énormément pour faire grandir encore plus le cirque. Cela passe par notre façon de travailler. On a une vraie capacité à observer et à apprendre. Le fait d'être resté en retrait nous a permis d'engranger de l'expérience, pour maintenant avoir un rôle important", analyse-t-elle. "Mais surtout, toutes nos idées viennent du cœur", finit par conclure l'artiste au sourire communicatif.

F.L.

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