Elles sont le témoignage d’un passé ouvrier qui aura marqué plusieurs générations dans le nord-est de la France. Les Batagirls prennent la parole, au travers d’une série photos, de séquences vidéo et d’audios regroupés dans un même lieu. Ces anciennes "petites mains" nous racontent leur vie au sein de l’usine Bata en Moselle, qui fut l’un des fleurons de la chaussure française entre 1931 et le début des années 2000.
Des souvenirs capturés et récoltés par Nicolas Leblanc. Le photographe nous emmène avec lui dans l’histoire de ce site de Moussey. Un lieu qui a vu ses portes fermer en 2001, mettant fin à cet âge d’or du cuir, laissant une cité ouvrière plongée dans l’oubli.
Cette cité, rebaptisée Bataville, qui pouvait accueillir à l’époque jusqu’à 3000 ouvriers, a été pensée et conçue autour des employés de Bata, avec l’idée de recréer une ville à part entière, composée d’une école, d’un complexe sportif, de commerces et des bistrots, un projet à grand échelle qui rappelle la vision du Corbusier et ses unités d’habitation sorties de terre dans les années 50.
Que reste-t-il de Bataville ?
Au début des années 2000, la production des chaussures Bata s’arrête. Une lutte syndicale est alors portée à bout de bras par les ouvrières, des figures clefs de l’histoire de la marque, que l’on retrouve dans l’exposition de Nicolas Leblanc.
Ces piqueuses, contremaîtresses et mains d’œuvres se retrouvent sur le carreau, et engagent pour beaucoup une reconversion professionnelle, notamment vers le secteur de la santé.
L’une d’elles rachètera d’ailleurs un prototype à la fermeture de Bata, et développera une paire de bottes fourrées, dont la production continue encore aujourd’hui.
Celles qui ont donné leur vie à l’entreprise, oubliées depuis l’arrêt de la production, reviennent sur le devant de la scène et portent la parole de toute une génération de travailleuses.
Une exposition sincère, à découvrir jusqu’au 9 décembre à l’Atelier Item, 3 Impasse Fernand Rey, 69001 Lyon.
Ouvert du lundi au vendredi, de 9h30 à 17h. Fermé le weekend.
L.D.
