L'influenceuse lyonnaise, âgée de 34 ans, a une particularité de poids avec sa taille 54. Chargée du web-marketing pour un site de e-commerce dédié à la mode traditionnelle, elle promeut en parallèle, sur ses propres réseaux sociaux, les vêtements grandes tailles. Et avec pas moins de 384 000 abonnés sur TikTok, la plateforme incontournable du moment, la pin-up XXL le prouve : elle pèse sur la balance ! Entretien.
Vous commencez à vous faire une réputation et un nom grâce aux réseaux sociaux où vous fédérez une communauté qui ne cesse de grandir. Quand et comment avez-vous débuté ?
Je suis sur Instagram (avec près de 40 000 abonnés, ndlr) depuis environ 7 ans et sur TikTok depuis 2 ans. J'étais au départ une grande consommatrice de vidéos, je visionnais beaucoup de challenges mais ne trouvais pas de profils comme le mien. J'ai pensé qu'il y avait de la place pour une femme grande taille. Alors un soir, je me suis lancée et j'ai décidé de montrer une femme active et grosse, en postant une vidéo humoristique dans laquelle je sors de ma voiture et me retrouve coincée entre la mienne et celle garée à côté ! La vidéo a cartonné et a réalisé 12 millions de vues !
Et depuis, les réseaux sociaux sont devenus aussi pour vous une réelle activité professionnelle ?
En effet, je suis une passionnée de mode. Je suivais d'autres filles mais là encore, je ne trouvais pas d'homologues, à quelques exceptions près, comme la blogueuse Stéphanie Zwicky qui m'a beaucoup influencée. Il y avait une véritable niche à développer, à savoir la promotion de mode grande taille. J'ai été encouragée par mon entourage et en entrant dans la vie active, paradoxalement, j'ai eu davantage de temps libre que lorsque je cumulais études et petits boulots. Même si je poste souvent des photos faites avec mon smartphone, je travaille avec des photographes et propose du contenu professionnel. Le succès a été tout de suite au rendez-vous et je collabore aujourd'hui avec Amazon, Zalando et Assos ou la marque de lingerie Savage X Fenty, créée par Rihanna. Je viens aussi de tout juste signer avec Agence Plus, spécialisée dans les mannequins grandes tailles !
Quels sont les stylistes qui vous inspirent ?
J'aime le luxe et parmi mes créateurs préférés, je citerais Castelbajac, Vivienne Westwood ou encore Jeremy Scott. Ce sont de véritables artistes et des marques qui considèrent aussi la femme grande taille...
Justement, on voit de plus en plus de modèles grandes tailles sur les podiums et dans les pages des magazines. On parle d'ailleurs de mode inclusive. Qu'en pensez-vous ?
Il y a encore beaucoup de choses à faire et je ne me sens pas encore incluse ! L'inclusivité, c'est de la taille 30 à la taille 68. Et ce n’est pas du tout le cas. Beaucoup de marques veulent se donner bonne conscience et montrent davantage, c'est vrai, de gros, de tatoués, de personnes avec un handicap... Mais, il y a un côté hypocrite car "ça fait bien dans une campagne de pub" ; par contre, en boutiques, la collection s'arrête à la taille 44. Les femmes grosses n'ont pas l'habitude de trouver leur taille en magasin. D'ailleurs, 99,5 % de mes achats, je les fais sur Internet !
Dans vos contenus, vous dévoilez une femme très sexy, voire provocatrice. C'est une image que vous avez fabriquée ou qui vous correspond réellement ?
C'est une image qui me correspond totalement et j'adore mon corps ! Je suis née dans une famille de gros et même notre nom nous caractérise (rires) ! Ma mère adorait déjà la mode et j'ai toujours eu ce look... Quand j'étais plus jeune, j'étais même plus exubérante. Quand on est une femme grosse, on est vite sexualisée et j'assume ce côté sexy. Au-delà des formes et des vêtements proposés, je veux surtout montrer du body-positivisme et de la confiance en soi. J'encourage mes abonnés qui sont comme moi, et le vivent plus difficilement, à s'en foutre, s'aimer, s'affranchir du regard des autres... à vivre leur vie !
Avez-vous le sentiment d'aider ainsi les autres qui peuvent, entre autres, subir du harcèlement ?
Je reçois de nombreux témoignages d'abonnés en souffrance auxquels je donne des conseils. Cela peut-être une jeune maman qui, après un accouchement, est passée de la taille 36 à 46. Ou une personne qui, suite à une réflexion, n'ose plus manger en public. Face au harcèlement, il y a deux types d'attitude. La première, que j'adopte depuis toujours, c'est l'indifférence. Mais face à des individus qui dépassent les bornes, il faut agir. Je suis actuellement en procès à Lyon suite à du cyber harcèlement où j'ai été victime de photomontages et de menaces de mort. Il y a très peu de jurisprudence sur la grossophobie : il faut montrer l'exemple.
D. S.
Mon Lyon de Virginie Grossat
Quartier fétiche :
Ainay, dans le 2è arrondissement, "pour son esprit village".
Faire du shopping :
Marina Rinaldi, 16 rue Gasparin, Lyon 2.
Kabaya, 15 rue Tupin, Lyon 2.
Manger au restaurant :
"Fan de cuisine fusion franco-japonaise"
Imouto, 21 rue Pasteur, Lyon 7.
Takao Takano, 33 rue Malesherbes, Lyon 6.
Boire un verre :
Les Muses, 1 place de la Comédie, Lyon 1.